Haut comme trois pommes, Sonny déteste qu’on l’appelle Shorty. A douze ans, il aime encore les sucettes et vit à Medellin, en Colombie. Une ville où les trafiquants de drogue font la loi et où les armes remplacent souvent les mots. Plus qu’un copain, Alberto est pour Sonny un véritable frère. Tous deux rêvent de fuir la misère et la rue. Quand Alberto se fait » embaucher » comme tueur à gages par un parrain de la drogue et finit par disparaître tragiquement, Sonny se retrouve seul, totalement perdu. Une seule voie s’impose à lui prendre la relève de son ami. Un revolver lui procurera le respect et la sécurité auxquels il aspire. Et de quoi vivre décemment. En toute innocence, Sonny signe ainsi sa perte. Mais a-t-il vraiment le choix ?
Matt Whyman est américain et n’a pas mis les pieds à Medellin, où il situe l’action de L’enfant qui savait tuer ; il l’a reconstituée à partir de cartes et de livres… Néanmoins, son roman est basé sur une histoire vraie. Et c’est peut-être ce qui importe le plus, car ici, c’est l’humain qui prédomine, même s’il est ancré au coeur d’une ville particulière, celle de Pablo Escobar, roi de la drogue jusqu’en 1993, date de sa mort lors d’une opération destinée à anéantir son empire criminel.
L’enfant qui savait tuer, c’est Shorty, un gamin pas très grand, qui a fait des choix, guidé par l’amitié et par l’amour. Il raconte sa propre histoire, avec des mots simples et pourtant chargés d’émotions, de force, de vie tout bonnement. Sonny/Shorty est d’une lucidité absolue, à chaque moment. Il sait ce qu’il fait, pourquoi il le fait.
Matt Whyman, de sa belle écriture (je me suis demandé un instant si elle n’était pas trop belle pour porter le récit de Shorty, et puis non ! car elle est surtout le reflet de très beaux sentiments), arrive à nous transporter dans sa Medellin, car il nous donne des personnages consistants, des parcours de vie crédibles et a su exploiter judicieusement sa documentation, plaçant ses connaissances des lieux et sujets traités. Il nous confirme ainsi qu’une ville, un pays, c’est d’abord les gens qui y habitent.
Bref : un très bon roman, où l’émotion est présente à chaque page.
Le petit plus : Pour découvrir encore plus le pays d’Ingrid Bettancourt, des Farc, de la cocaïne mais aussi des gens plus ordinaires, n’hésitez pas à aller voir les billets de Destination Colombie organisé par Everthorus.
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