Par le simple effet d’une puce implantée dans son cerveau et activée par une télécommande, la belle et prude Mme Christiani, grande bourgeoise frigide, se transforme en une femme impudique…
Difficile de parler d’une BD érotique sans tomber dans la trivialité, mais je tente ma chance tout de même. Manara est un des maîtres de ce genre, et Le Déclic est une de ses œuvres mythiques. Dans sa préface, il insiste sur un point que je ne peux que rejoindre : artistiquement, le fantasme est illimité, dans la réalité son accomplissement peut devenir un délit punissable par la loi humaine.
Ici, Manara s’est amusé à imaginer une bourgeoise coincée qui se trouve soumise par un boîtier déclenchant en elle désirs et plaisirs sexuels irrépressibles. La première partie est certainement la plus amusante, et celle que j’ai préférée, scénaristiquement parlant. Les autres sont sympathiques, et on va sûrement beaucoup plus loin dans les fantasmes (l’auteur, pour cette réédition, s’est auto-censuré, supprimant une scène qui de son point de vue n’apportait pas grand-chose)…
A noter bien sûr que ce sont ceux d’un homme qui veut voir une femme totalement sous l’emprise de son bon vouloir, par l’entremise d’une télécommande qu’il actionne. Au fil des épisodes, celle-ci circule de mains en mains, dénonçant ? s’amusant ? des perversions de bons gros machos aux idées tordues. Le gourou, pour ne parler que de lui, est particulièrement drôle…
Au-delà des scénarios, plus déjantés les uns que les autres, les dessins de Manara, tout en Noir et Blanc (vous connaissez mon goût pour celui-ci si vous avez déjà lu mes chroniques autour de Small Gods ou de Black Hole), sublime le corps féminin. Autant les mâles sont pour la plupart du temps des caricatures, bedonnants, disgrâcieux, voire carrément moches (rares sont les exceptions), autant les femmes sont belles, avec des corps à tomber. Certes, l’auteur ne nous en épargne aucun détail anatomique, et on a droit à de jolies… hum, vues !
Côté dialogues, attendez-vous à du cochon, il n’y a pas d’autre mot. Des soupirs, des protestations, des effarouchements, des consentements, des incitations, et du sexe dans un langage bien cru ! Je n’ai pourtant pas été choquée ; pour moi, Manara a d’abord fait de son Déclic un parti pris humoristique, sur un sujet qui ne l’est pas pour certains. A ceux-là, s’ils me lisent, je leur dis juste : le sexe est le jeu des adultes…
Bref : une BD agréable, drôle et sensuelle néanmoins, réservée à un public averti.
Le petit plus : une belle édition intégrale que voilà, que j’avais d’ailleurs offert à Chéri… ben quoi, vous ne faites jamais de cadeau coquin, vous ?
Place aux lecteurs