Le 15 janvier 1947, la police de Los Angeles trouve sur un terrain vague le cadavre nu d’une femme de 22 ans, Betty Short. Le corps est sectionné en deux au niveau de la taille, vidé de ses organes et de son sang, il présente de nombreuses lacérations et brûlures, notamment aux seins, et la bouche a été ouverte d’une oreille à l’autre. La police met toutes ses forces sur ce meurtre qui, à cause de la tendance de la victime à se vêtir de noir, devient « l’affaire Dahlia noir ». Elle va faire la une du Herald Express pendant douze semaines.
James Ellroy est un grand auteur américain contemporain, sans nul doute possible. Avec Le Dahlia Noir, où il exorcise la mort violente de sa mère, il signe une œuvre noire comme l’encre qui couvre les pages de ce premier volet du Quatuor de Los Angeles, un roman qui frappe fort.
Tout d’abord, je ne m’attendais pas du tout à ce que j’ai lu, honnêtement. Et j’ai adoré ça. Sans cesse déstabilisé, le lecteur qui croit certainement n’avoir au départ affaire qu’à une enquête autour d’un des plus célèbres meurtres aux Etats-Unis (et aujourd’hui encore irrésolu), se retrouve confronté aux obsessions de l’auteur (génial) au travers de celles de ses personnages.
On suit le parcours de deux flics du LAPD, tous deux boxeurs, adversaires puis co-équipiers et enfin amis. C’est Bucky, le narrateur, qui nous fait vivre toute l’histoire, toutes les histoires : celle d’une amitié, celle d’un amour, celle d’une victime hors-norme, et bien d’autres choses encore.
Bleichert et Blanchard, que tout semble séparer, et qui sont au final bien plus proches qu’on ne croit, la faute à leurs patronymes à la limite de l’homophonie ? ou la faute à Ellroy dont ils sont tous deux des facettes, qui finissent par se fondre pour ne laisser la place qu’à l’enfant qui a perdu sa mère et qui cherche la vérité ?
Mais avec James Ellroy, rien n’est jamais simple, et les acteurs du Dahlia Noir se révèlent d’une complexité, d’une profondeur abyssale, aux secrets dévoreurs d’âmes. Chez lui, point de manichéisme, mais une psychologie fine, des portraits intelligemment tracés, au service d’une intrigue élaborée, où rien n’est évident, où tout est sublime de subtilité !
Les rebondissements sont nombreux, dans une ambiance souvent pesante, étouffante et moite. Pour ajouter à la noirceur du roman, les personnages évoluent principalement la nuit, tels des fantômes, des vampires ou des loups-garous, au gré de leurs humeurs ou de leurs personnalités.
Le style est brillant, percutant et colle tant à l’époque qu’aux êtres qui peuplent ce thriller inquiétant dont on ne sort pas indemne, à l’instar des personnages.
Bref : un roman coup de cœur, une œuvre coup de poing !
Le petit plus : Je pourrais bien sûr vous parler de l’adaptation cinématographique, mais je préfère vous annoncer ma prochaine lecture de La malédiction Hilliker, œuvre autobiographique de l’écrivain autour de la mort violente de sa mère.
Place aux lecteurs