« J’ai rêvé d’anges. Je les contemplais, les entendais dans l’étendue galactique de la nuit. Je sentais l’amour dont ils m’entouraient. Je sentais aussi une sorte de tristesse me dévaster, m’emportant vers ces voix célestes qui chantaient pour moi ». Ainsi débute le nouveau roman d’Anne Rice, qui nous emmène vers d’autres horizons, d’autres royaumes, et d’autres temps. Rome, XVIe siècle. La Ville éternelle, où les croix se dressent dans le ciel éclatant. La ville de Michel-Ange, de Raphaël. Mais aussi la ville de l’Inquisition, où s’affrontent les Médicis et les papes avides de pouvoir… C’est là qu’est propulsé Toby O’Dare, ancien tueur à gages et joueur émérite de luth. Son ange gardien, Malchiah, lui demande d’enquêter sur un médecin juif accusé d’empoisonnement et de sorcellerie. Toby saura-t-il vaincre les terribles rumeurs et sauver ce jeune noble qu’on soupçonne d’être possédé par un dybbouk ?
Anne Rice poursuit sa trilogie avec L’Epreuve de l’Ange, qui mène Toby, l’ancien tueur à gages, dans la Rome de la Renaissance. Toujours aussi bien documentée, l’auteur nous emmène à la suite de son héros dans cette époque où les juifs portaient la rouelle -l’ancêtre de l’Etoile Jaune (tout un symbole pour ce roman)- tout en étant sous la protection du pape Jules II. Investi d’une nouvelle mission par le séraphin Malchiah, l’ex-Lucky le Renard devra faire des choix et subir des épreuves. C’est l’occasion pour lui de se poser une multitude de questions sur son passé (qui le rattrape toujours !), mais aussi sur son avenir.
Encore une fois, la reine des vampires nous parle de la foi, défiant la raison ou la sublimant, un peu comme dans Memnoch le Démon, mais d’une façon peut-être plus légère, moins détaillée, plus… humaine ! Elle croque des personnages typés, animés par l’amour ou la haine, par l’amour et le démon (Of Love and Evil est le titre original de ce volume). On s’attache encore plus à Toby, dont la rédemption est au coeur de cette série, bien plus certainement que de son rapport à Dieu. Il rencontre d’autres personnages auxquels on ne peut s’empêcher d’être sensibles, tant Anne Rice nous les dépeint avec justesse.
Dans le style élégant qui est le sien, dépourvu en toutes choses de vulgarité, elle entre dans le vif du sujet dès le début du livre -ce qui devrait la réconcilier avec les insatisfaits de L’Heure de l’Ange que d’aucuns trouvaient long au démarrage-, nous plonge dans les mystères et dans l’action qui, si elle n’est pas absolument trépidante, a tout d’un drame qui se joue sous nos yeux, et qui nous tient suffisamment pour que l’on s’en retrouve prisonnier. J’ai d’ailleurs lu L’Epreuve de l’Ange quasi d’une traite, ce qui n’a pas été le cas avec le précédent opus. Je soulignerai d’ailleurs que c’est encore une fois le jeune homme qui narre ses péripéties, et que le ton et le style adoptés collent à sa personnalité, confirmant ainsi son parcours, ses idées, et le rendant très crédible.
Pour terminer, ce deuxième opus nous offre un cliffhanger inattendu, nous promettant un troisième tome très intéressant, et mettant le lecteur sur des charbons ardents !!
Bref : L’Epreuve de l’Ange est à mon sens plus réussi et plus abouti que le précédent roman, délicat, accrocheur et très séduisant au final.
Le petit plus : L’objet livre est vraiment joli, avec des plumes qui parsèment les pages…
Merci qui ? Merci à Livraddict et aux éditions Michel Lafont pour ce moment de plaisir !
Place aux lecteurs