« Quand le Lapin sortit une montre de son gousset, la regarda et reprit sa course, Alice se leva d’un bond car, en un éclair, elle réalisa qu’elle n’avait jamais vu un lapin avec un gousset et une montre à en sortir. Dévorée de curiosité, elle le suivit à travers champs, et eut juste le temps de le voir s’engouffrer dans un vaste terrier sous la haie. » Pourquoi Alice s’étonnerait-elle alors de rencontrer chemin faisant une Reine de Cœur, un Griffon, un Chapelier, un Lièvre de Mars ou de prendre le thé chez les fous ? C’est au pays des merveilles que l’a entraînée le lapin blanc, un pays où elle ne cesse de changer de taille, et où tout peut arriver.
C’est un tout petit roman qu’Alice au pays des merveilles, mais un roman très surprenant. Je n’en connaissais que l’adaptation éponyme de Walt Disney, et il faut bien reconnaître que le livre de Lewis Carroll est autrement plus absurde.
Tout d’abord, l’auteur adore jouer avec les mots, profitant de ce qu’Alice soit une petite fille convaincue de son savoir et de son importance, ce qui donne lieu à toutes sortes de fantaisies. Personnellement, je ne les ai pas trouvées très drôles, ces aventures, peut-être parce que l’héroïne a eu le don de me taper sur les nerfs. Rarement un personnage livresque m’aura fait un tel effet ! Elle est une enfant à la langue bien pendue, imprudente et toute gonflée d’orgueil. Résultat : elle ne s’émerveille pas de ce qu’elle voit la plupart du temps, mais fait la leçon à tous ceux dont elle croise le chemin. En somme, une mini-adulte qui, n’étant qu’une enfant, sait assez peu de choses et est souvent blessante.
Ensuite le pays des merveilles est un univers parfaitement absurde, doté d’une logique bien particulière, où l’on ne comprend pas tout à fait le rôle de chaque personnage à l’intérieur de celui-ci (on a longtemps l’impression d’une accumulation !). Les choses s’éclairent un peu plus à la fin du roman , où tout s’articule finalement autour de la Reine de Coeur et de son « jeu de cartes ».
Au bout du compte, on finit par comprendre que le pays des merveilles est un monde parallèle, qui reproduit notre société d’une façon telle que tout semble possible, mais où, en fait, rien ne l’est : les différents protagonistes semblent en effet tous bloqués dans des systèmes de fonctionnement dont ils ne peuvent sortir, à l’instar du Chapelier qui prend indéfiniment le thé (point de non-anniversaire comme dans le dessin animé) ou la Reine qui passe sont temps à clamer « Qu’on lui coupe la tête ! ». Métaphore d’une société adulte qui nous emprisonne ??!?
J’ai par ailleurs peu goûté les poèmes qui parsèment le récit ; j’ai eu l’impression à chaque fois de « cheveu sur la soupe » au milieu d’un rythme trépidant, et venant tout casser… Peut-être n’ai-je pas la culture britannique qui permet de les apprécier…
Bref : un grand classique qui me laisse une impression mitigée.
Le petit plus : La suite, De l’autre côté du miroir, m’attend bien au chaud dans ma PAL !
Merci qui ? Merci à Bleue et Violette chez qui j’avais gagné les deux romans lors d’un concours qu’elles organisaient.
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