Archives pour la catégorie Histoire / Témoignage

Himmler, de Peter Longerich

himmler peter longerich

Qui était réellement Heinrich Himmler ? Comment imaginer que sous cette apparence banale se cache un des pires criminels du XXe siècle, responsable de l’extermination de millions d’êtres humains ?

 

À partir d’archives inédites, de nombreux documents personnels ayant appartenu à Himmler (journal intime, correspondance…), Peter Longerich dresse le portrait du chef de la SS, concepteur de Dachau, premier modèle des camps d’extermination, ordonnateur de l’Holocauste. Un homme sans charisme, bien loin du mythe aryen qu’il prétendait exalter, mais zélé, devançant sans cesse les attentes du Führer. Un homme aussi insignifiant que frustré, qui bascula au cours des années 1920 dans un monde fasciste fantasmatique, dont il n’échappa plus jusqu’à sa mort en mai 1945, après avoir vainement tenté de traiter avec les Alliés.

 

 

 

Je lis peu de biographies, comme vous le savez certainement si vous visitez régulièrement mon blog mais vous connaissez aussi mon goût pour l’Histoire, et la Seconde Guerre Mondiale particulièrement.


Le travail de Peter Longerich est colossal, ainsi que le prouvent les quelques 200 pages de notes à la fin de cet ouvrage, et en même temps il évite l’écueil du simple documentaire. Il rend en effet le personnage de Heinrich Himmler étonnamment vivant , et ressuscite les différentes périodes que traverse le monde et donc lui aussi. L’Histoire est en marche à chaque ligne de ce livre, inéxorablement, on a le sentiment qu’elle s’écrit en même temps qu’on la lit. Fascinant !

 

Himmler nous permet de redécouvrir une personnalité  absolument incroyable : celle d’un petit homme qui s’est fait, qui est devenu le créateur de l’Holocauste et a concentré de nombreux pouvoirs entre ses mains. Dès le prologue, le biographe nous raconte un homme qui sans cesse réinventait ses fonctions, reconsidérant à chaque fois son rôle à l’aune des événements en cours, finissant par effacer sa vie propre pour n’être plus que l’instrument au service du Reich et la machine SS qu’il dirigeait.


C’est l’histoire d’un paradoxe que celle de Himmler… Je n’en dis pas plus, cette biographie étant d’une richesse telle que c’en serait impossible, et que je préfèr vous laisser apprécier par vous-même. D’autant que le style de Longerich est fluide, très agréable à lire, et nous immerge sans peine dans ces années jalonnant le parcours de celui qui fut l’impitoyable Reichführer-SS, sans parler de ses autres titres.

 

 Bref : une biographie passionnante, qui se lit comme un roman, que je conseille à tous les curieux et les passionnés, qui auront notamment lu La Trilogie Berlinoise, pour mieux comprendre et appréhender l’homme et son parcours, sans parler du contexte historique.


Le petit plus
: Les travaux sur le IIIème Reich de Peter Longerich, directeur du Centre de Recherche  sur l’Holocauste et sur l’Histoire du XXème siècle, font autorité et font de cet ouvrage une valeur sûre, au-delà de ma modeste chronique.


Merci qui ?
Merci, un grand merci même, à Audrey des Editions Héloïse d’Ormesson pour ce partenariat exceptionnel, qui a été un vrai cadeau de Noël que j’ai savouré tout au long de ces 900 et quelques pages et qui m’a accompagnée depuis sa réception.

 

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Journal de guerre d’un juge militaire allemand 1944-1945, de Werner Otto Müller-Hill

journal de guerre d'un juge militaire allemand 1944-1945 Werner Otto Müller-Hill

Werner Otto Müller-Hill est, à n’en pas douter, un personnage très marquant. Né en 1885 et mort en 1977, benjamin d’une famille de Fribourg, il se définit comme un « bon Allemand » ; mais aussi antinazi qu’antibolchevique, il dénonce le funeste pacte germano-soviétique comme une erreur tragique. Exerçant à Strasbourg à la fin de la guerre, dans la position difficile d’un juriste légaliste tenu à la réserve et à la prudence, il tient, entre 1944 et 1945, un journal qu’il dissimulera soigneusement et que son fils Benno ne découvre qu’à sa mort.

 

J’ai volontairement coupé le reste de la 4ème de couv’ car elle en dit beaucoup sur le contenu de ce Journal, même si elle n’en dévoile pas toute l’intelligence de son auteur. En effet, Werner Otto Müller-Hill consignera pendant les deux dernières années de la Seconde Guerre Mondiale énormément de faits historiques liés aussi bien au conflit en lui-même qu’à l’utilisation des medias par le IIIème Reich, que ses propres considérations sur ceux-ci, ses réflexions politiques, et ses sentiments de père et de mari.

 

Ce juge de guerre fait preuve d’une lucidité absolument inouïe, méprisant les forces au pouvoir tout en situant l’origine de la montée du nazisme dans son pays par un terreau fertile et propice remontant à Guillaume II. Il est également un visionnaire, prévoyant le suicide de Hitler, le démembrement de l’Allemagne après la victoire des Alliés -et ce, dès le début de 1944- et d’autres événements encore.

 

Werner Otto Müller-Hill est un patriote, dégoûté de ce qui se passe, qui voit venir la défaite de loin, et qui, même s’il est prudent, ne fait pas le salut hitlérien, saluant ses collègues d’un bourgeois bonjour (dixit). Certes, il révèle, commente, analyse des faits avec une certaine froideur, mais l’émotion  pointe le bout de son nez quand il parle de ces jeunes de 14 ans qu’on envoie à la boucherie pour la gloire des puissants qui refusent d’admettre publiquement l’échec de leur politique et de leur stratégie.

 

Père et époux, il s’inquiète pour les siens, tout comme pour ses compatriotes, qu’il tient en grande partie pour des moutons aveugles, mais qu’il sait être disciplinés, rigoureux et dont il espère qu’ils verront enfin la vérité lorsque tout sortira au grand jour. Il parle aussi des camps de concentration, dont il n’ignore pas grand-chose et qui le révolte.

 

Le tout est écrit dans une langue d’intellectuel mais pas pédant, annoté par le traducteur pour nous permettre de comprendre les références que fait l’auteur. C’est assez paradoxalement très vivant, et en même temps il porte bien son nom : c’est un journal de guerre !

 

Bref : Ce Journal de guerre d’un juge militaire allemand m’a passionnée, et m’a offert le point de vue d’un allemand, précieux à mes yeux après avoir eu celui d’une juive dans Le voyage et d’une jeune française dans J’ai voulu porter l’étoile jaune.


Le petit plus
: La couverture est vraiment belle, et j’ai apprécié le marque-page à son effigie envoyé par l’éditeur avec mon exemplaire.

 

Merci qui ? Merci à Babelio et sa Masse Critique, ainsi que les éditions Michalon pour ce beau partenariat qui est venu nourrir ma curiosité toujours présente pour cette période de l’Histoire.

 

 

Journal de guerre d\'un juge militaire allemand 1944-1945 par  Werner Otto Müller-Hill

 

 

 

Journal de guerre d\'un juge militaire allemand 1944-1945

Critiques et infos sur Babelio.com

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Il a jamais tué personne, mon papa, de Jean-Louis Fournier

il a jamais tué personne, mon papa jean-louis fournier

C’est l’histoire d’un papa singulier, racontée par son fils sur le mode de la simplicité et de la naïveté. Un papa qui est docteur dans une ville de province, qui soigne des gens qui ne le payent pas mais lui offrent toujours à boire ; un papa qui finit ses journées fatigué et saoul, plus porté sur la bouteille que sur l’ordonnance ; un papa qui se cache derrière le piano de son cabinet, blagueur insupportable, à la fois j’menfoutiste et irresponsable, distrait, oubliant sa voiture dans un champ de betteraves ; un papa colérique qui menace de tuer la maman, « pas méchant, seulement un peu fou quand il avait beaucoup bu. Il a jamais tué personne, mon papa, il se vantait ».

 

Voici un livre que j’ai refermé avec un sérieux pincement au coeur, la larme pas loin du tout… Jean-Louis Fournier raconte son père, sa mère et eux, les enfants, surtout lui, qui ne se sentait pas aimé de son papa ; il se le rappelle et les rapports qu’il entretenait avec sa famille, ses voisins, ses patients…

 

Chaque chapitre, très court -une page, guère plus- est consacré à un aspect du Dr Fournier, sous forme d’anecdotes au goût doux-amer, quelquefois plus drôles que tristes, parfois -souvent- l’inverse. Attention ! jamais de pathos ni de lamentations, mais le regard qu’un enfant porte sur la figure paternelle.

 

Dans un style enfantin, oral, qui se lit comme on écoute le récit d’une vie au détour d’une conversation à bâtons rompus -je me souviens quand j’étais petit…-, l’auteur déroule l’existence de ce père qui le rendait fier -le meilleur des docteurs- et à la fois le décevait . Mais d’autres sentiments l’animent avec une sincérité bouleversante : la colère, l’amour, le désespoir, la tristesse, la joie aussi…

 

Avec le recul, Jean-Louis Fournier narre ses quinze premières années, jusqu’à la mort de son papa, avec simplicité, sans rancune, mais réalisme et une forme d’humour (dérision ? ironie ?).

 

Bref : une courte (auto)biographie qui touche au coeur.

 

Le petit plus : Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mon grand-père, alcoolique « repenti » que ma mère a retrouvé l’année de mes 15 ans  -il avait quitté sa famille suite à son divorce. Il nous a quittés à l’âge de 82 ans, aimait encore boire un petit coup, avait une joie et une volonté de vivre telle qu’on ne pouvait que l’aimer. Et quel caractère ! Pépère, lui, a changé un jour de cap, pour le bonheur de ses petits-enfants auprès de qui il a vécu les quelques dix dernières années de sa vie. Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec le papa de Jean-Louis Fournier, au vu des anecdotes familiales, et mesure la chance que nous avons eue. Pépère, je pense à toi et je t’aime !

 

Merci qui ? Merci à Pimprenelle et son rendez-vous mensuel Découvrons un auteur qui, jusque-là, a fait mouche à chaque fois. Retrouvez ici les billets des autres participants. Quel sera notre prochaine découverte ?

 

logo découvrons un auteur jean-louis fournier

 

 

 

 

 

Arthur, l’autre légende, de Philip Reeve

arthur l'autre légende philip reeve

Tout le monde a entendu parler du roi Arthur, mais qui connaît la vérité ? Arthur est-il vraiment le plus grand héros de tous les temps, comme dit la légende ? Le jour où Wynna, la jeune esclave, est recueillie par le barde, Myrddin, pour devenir son écuyer, elle est bien loin d’imaginer la folle épopée qui l’attend et le rôle qu’elle va jouer dans la construction du mythe arthurien.

 

Fan inconditionnelle de la légende arthurienne, je n’ai pu qu’être intriguée en lisant la 4ème de couverture d’Arthur, l’autre légende. C’est Wynna qui nous raconte son histoire où Myrddin va jouer un grand rôle, faisant d’elle d’abord un garçon, et l’impliquant dans cette construction du mythe arthurien, tel qu’on le connaît. C’est passionnant, il n’y a pas d’autre mot. Parce que Philip Reeve sait faire surgir des images fortes, des personnages bien construits et très vivants, et une intrigue qui tient vraiment la route.

 

Certes, Arthur n’est pas celui qu’on a pu lire dans les textes médiévaux comme ceux de Chrétien de Troyes, et il faut vraiment se « laver » l’esprit de l’admiration qu’on peut avoir pour ce héros qui, pour beaucoup, a bercé notre imaginaire. Mais il est fascinant de lire ce qu’un conteur peut faire d’un homme, parce qu’il a besoin d’y croire et qu’il sait que le peuple en a besoin aussi. Ce conteur, c’est Myrddin, première figure de Merlin, le fameux enchanteur.

 

Philip Reeve s’appuie sur des textes historiques même s’il reste peu de traces écrites d’Arthur, et sait mêler habilement ceux-ci et les contes, qui finalement s’apparentent à la propagande. Même si l’auteur se défend d’avoir écrit un ouvrage historique, il n’en reste pas moins qu’il fait vivre avec talent pour nous une époque sur laquelle on a peu d’indications (l’après-occupation romaine de l’actuelle Angleterre), avec beaucoup de réalisme.

 

Par ailleurs,  la jeune héroïne -la narratrice- que l’on suit de son enfance à sa vie de femme, est attachante, dotée d’un pragmatisme certainement nécessaire à cette période du Haut Moyen-Âge et dépourvue d’illusions qui pouvaient bercer les  hommes et les femmes liés à Arthur. Un vrai regard, quasi objectif, qui permet de faire le tri entre légende et réalité, pour un récit a priori en direction des jeunes lecteurs, mais dans lequel les adultes y trouvent leur compte !

 

Bref : un très bon roman à mi-chemin entre Histoire et contes de notre enfance, qui relate une aventure hors du commun.

 

Le petit plus : Arthur, l’autre légende a reçu le Prix Carnegie Medal 2008.

 

here lies arthur

 

 

L’homme aux lèvres de saphir, de Hervé Le Corre

l'homme aux lèvres de saphir

Paris, 1870. Une série de meurtres sauvages semble obéir à une logique implacable et mystérieuse qui stupéfie la police, fort dépourvue face à ces crimes d’un genre nouveau. Le meurtrier, lui, se veut « artiste » : il fait de la poésie concrète, il rend hommage à celui qu’il considère comme le plus grand écrivain du XIXème siècle, Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, dont il prétend promouvoir le génie inconnu.
Dans le labyrinthe d’une ville grouillante de vie et de misère, entre l’espoir de lendemains meilleurs et la violence d’un régime à bout de souffle, un ouvrier révolutionnaire, un inspecteur de la sûreté, et deux femmes que l’a vie n’a pas épargnées vont croiser la trajectoire démente de l’assassin. Nul ne sortira indemne de cette rencontre.
Ce livre a reçu le grand prix du roman noir français au festival de Cognac 2005 et le prix mystère de la critique 2005. 

 

L’homme aux lèvres de saphir est un roman brillant, où la trame historique est magnifiquement retracée : ambiances, langages, faits historiques et personnages du quotidien de l’époque font revivre pour nous ces années 1870. Les différents protagonistes sont d’une telle richesse, attachants pour certains, repoussants, ignobles pour d’autres, que l’on y croit à chaque instant. On croise des figures célèbres comme le Comte de Lautréamont, Verlaine ou encore des syndicalistes. On côtoie tous les milieux, policiers, artistiques, ouvriers, politiques, racailles et autres qui se mêlent plus ou moins ; Le Corre plante ses décors de façon très réaliste, vivante : on entend les cris, les bruits, on sent les odeurs de Paris… Avez-vous l’excellente série Maison Close sur Canal + il y a peu ? On y retrouve le même genre d’atmosphère. 

 

De plus, l’auteur émaille son récit de considérations scientifiques -l’autopsie-, syndicaliste -l’Internationale- ou sociétales -le statut de l’ouvrier par exemple- qui y apportent une profondeur qu’on ne trouvent pas dans tous les romans de ce genre.

 

L’intrigue, quant à elle, est complexe, croisant les destins d’hommes et de femmes de plus d’une manière. Elle nous emmène sur les chemins de la folie, de l’amour des mots, de l’amour du mal ou de l’amour tout court. Meurtres horribles, belles amitiés, amours étonnantes, nous allons d’un univers à l’autre, le tout formant la société française de 1870, à l’aube du conflit avec la Prusse.

 

Bref : un polar sur fond historique d’une réelle épaisseur et passionnant à tous points de vue. Pas une fausse note, vous auriez tort de passer à côté !

 

Le petit plus : Le serial killer (oui, oui !) est guidé tout au long par Les Chants de Maldoror de Lautréamont (dans ma bibliothèque d’ailleurs), dont je vous offre les premières lignes :

 

 Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme 
ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers
 les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison; car, à
 moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension 
d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre
 imbiberont son âme comme l'eau le sucre. Il n'est pas bon que tout le monde
 lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer 
sans danger. Par conséquent, âme timide, avant de pénétrer plus loin dans
 de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant.

 

 


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vertige franck thilliez

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