A Gooleness, petite station balnéaire surannée du nord de l’Angleterre, Annie, la quarantaine sonnante, se demande ce qu’elle a fait des quinze dernières années de sa vie… En couple avec Duncan, dont la passion obsessionnelle pour Tucker Crowe, un ex-chanteur des « eighties », commence sérieusement à l’agacer, elle s’apprête à faire sa révolution. Un pèlerinage de trop sur les traces de l’idole et surtout la sortie inattendue d’un nouvel album, « Juliet, Naked », « »mettent le feu aux poudres. Mais se réveiller en colère après quinze ans de somnambulisme n’est pas de tout repos ! Annie est loin de se douter que sa vie, plus que jamais, est liée à celle de Crowe qui, de sa retraite américaine, regarde sa vie partir à vau-l’eau… Reste plus qu’à gérer la crise avec humour et plus si affinités…
Mon tout premier Nick Hornby… J’en avais entendu beaucoup de bien sur Le Cercle version littérature sur C+ (il avait remporté le jackpot, c’est dire), et j’en étais très curieuse… Lorsque Livraddict et les éditions 10/18 l’ont proposé en partenariat le mois dernier, j’ai sauté dessus.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, et j’étais donc ouverte à tout. C’est rigolo parce que moi, j’ai à la maison un homme qui est une véritable encyclopédie ambulante musicalement parlant, avec des goûts très éclectiques, même si je l’avoue, c’est un punk dans l’âme ! Mais il n’a pas grand-chose à voir avec Duncan, obsédé par Tucker Crowe, passion qui lui bouffe sa vie, sociale, amoureuse, sexuelle même… Et je n’ai pas non plus grand-chose à voir avec Annie. Vous ne nous verrez pas partir faire un pélerinage sur les traces d’une de nos idoles, et encore moins photographier les toilettes où celle-ci aurait pris la décision d’interrompre sa carrière !
Ce livre est plein d’humour, d’ironie, sans concession pour aucun des personnages… et pourtant ils sont tous attachants, à leur manière. Peut-être parce que Hornby a le talent de l’empathie, et nous le communique très aisément. Le style est d’une fluidité parfaite, plein de petites trouvailles qui donnent le sourire, ou tout simplement font naître des images avec une facilité déconcertante.
« En réponse, ses fils produisirent des sons indistincts et gutturaux, émis avec trop peu de force pour parvenir jusqu’à lui, et qui allèrent s’échouer quelque part par terre, au pied de son lit, où les femmes de ménage n’auraient plus qu’à les balayer. »
J’ai aimé cette histoire de vies plus ou moins ratées, qui se croisent, au rythme d’emails, de pages Wikipedia, de rencontres improbables ou impossibles. Ces existences qui voisinent les unes avec les autres, à peu ou trop de distance, tentent de trouver une issue avant qu’il soit trop tard ? Trop tard pour quoi ?
Je vous laisse découvrir ce Juliet, Naked qui a la douceur de la quarantaine adolescente, mais aussi la passion d’un gosse de six ans, l’amertume de jeunes femmes en fleur, la soixantaine paresseuse et tant d’autres choses qui m’ont ravie, emportée au fil de leurs battements de coeur.
Juliet, Naked, c’est la vie tout simplement, bercée par la musique qui nous accompagne tous depuis qu’on est petit, et qui ne veut pas s’éteindre… Nick Hornby, lui, a mis le volume sur la position idéale, et j’ai battu la mesure avec lui !
Bref, une très belle découverte, qui donne envie d’aller plus loin avec cet auteur.
Le petit plus : 10/18 a, pour l’occasion, non pas sorti un format poche, mais un broché, très appréciable…
Merci qui ? Merci à Livraddict et aux éditions 10/18 pour l’envoi grâcieux de cet exemplaire.
12/50 10/65
Place aux lecteurs