C’est l’histoire d’un papa singulier, racontée par son fils sur le mode de la simplicité et de la naïveté. Un papa qui est docteur dans une ville de province, qui soigne des gens qui ne le payent pas mais lui offrent toujours à boire ; un papa qui finit ses journées fatigué et saoul, plus porté sur la bouteille que sur l’ordonnance ; un papa qui se cache derrière le piano de son cabinet, blagueur insupportable, à la fois j’menfoutiste et irresponsable, distrait, oubliant sa voiture dans un champ de betteraves ; un papa colérique qui menace de tuer la maman, « pas méchant, seulement un peu fou quand il avait beaucoup bu. Il a jamais tué personne, mon papa, il se vantait ».
Voici un livre que j’ai refermé avec un sérieux pincement au coeur, la larme pas loin du tout… Jean-Louis Fournier raconte son père, sa mère et eux, les enfants, surtout lui, qui ne se sentait pas aimé de son papa ; il se le rappelle et les rapports qu’il entretenait avec sa famille, ses voisins, ses patients…
Chaque chapitre, très court -une page, guère plus- est consacré à un aspect du Dr Fournier, sous forme d’anecdotes au goût doux-amer, quelquefois plus drôles que tristes, parfois -souvent- l’inverse. Attention ! jamais de pathos ni de lamentations, mais le regard qu’un enfant porte sur la figure paternelle.
Dans un style enfantin, oral, qui se lit comme on écoute le récit d’une vie au détour d’une conversation à bâtons rompus -je me souviens quand j’étais petit…-, l’auteur déroule l’existence de ce père qui le rendait fier -le meilleur des docteurs- et à la fois le décevait . Mais d’autres sentiments l’animent avec une sincérité bouleversante : la colère, l’amour, le désespoir, la tristesse, la joie aussi…
Avec le recul, Jean-Louis Fournier narre ses quinze premières années, jusqu’à la mort de son papa, avec simplicité, sans rancune, mais réalisme et une forme d’humour (dérision ? ironie ?).
Bref : une courte (auto)biographie qui touche au coeur.
Le petit plus : Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mon grand-père, alcoolique « repenti » que ma mère a retrouvé l’année de mes 15 ans -il avait quitté sa famille suite à son divorce. Il nous a quittés à l’âge de 82 ans, aimait encore boire un petit coup, avait une joie et une volonté de vivre telle qu’on ne pouvait que l’aimer. Et quel caractère ! Pépère, lui, a changé un jour de cap, pour le bonheur de ses petits-enfants auprès de qui il a vécu les quelques dix dernières années de sa vie. Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec le papa de Jean-Louis Fournier, au vu des anecdotes familiales, et mesure la chance que nous avons eue. Pépère, je pense à toi et je t’aime !
Merci qui ? Merci à Pimprenelle et son rendez-vous mensuel Découvrons un auteur qui, jusque-là, a fait mouche à chaque fois. Retrouvez ici les billets des autres participants. Quel sera notre prochaine découverte ?
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