- Tu es triste à cause du monsieur mort, maman ? – Oui, répondit-elle tout simplement. Je suis triste à cause du monsieur mort. Mais on ne parlera plus jamais de lui maintenant. Tu m’entends Emma ? Plus jamais ! A personne ! Eve Magnus, mère célibataire et artiste peintre idéaliste, franchit des limites jusqu’alors inconcevables. Marie Durban, son amie d’enfance qu’elle n’a pas vue depuis des années, fait soudain son apparition et lui confie qu’elle est devenue une prostituée de luxe. Et cela, juste le jour où Eve se trouve devant les grands magasins, le portefeuille vide et la poche pleine de factures impayées.
Nouvelle incursion dans la littérature policière norvégienne avec L’oeil d’Eve de Karin Fossum, un excellent polar. On a le plaisir de toucher encore -ou de découvrir- la société norvégienne, et la vie dans ce pays nordique.
Tout d’abord, c’est un roman intelligent qui semble si réaliste qu’on ne peut s’empêcher d’être effrayé : il a toutes les allures d’un malheureux fait divers, dont on se dit toujours qu’il pourrait très bien nous arriver… Sans doute parce que tout y est vraisemblable, nul héros ici, nulle figure de grand méchant loup ou de serial killer extraordinaire.
Ensuite, le récit est si bien mené qu’on est embarqué, vaille que vaille, dans cette histoire à tiroirs. Quand on en ouvre un, un autre se déclenche et on erre ainsi de drame en drame. Les personnages sont criants de vérité, très fouillés, et l’on s’attache beaucoup à eux ; Karin Fossum a su insuffler de la vie en chacun d’entre eux. Chaque lecteur peut facilement s’identifier à l’un de ces protagonistes, car tous sont justes, jamais caricaturaux.
Je dirais pour terminer que c’est très bien écrit, tant au niveau de la narration que des dialogues. Il est difficile de décrocher de ce polar, bourré de pièges et de chausse-trapes, le titre prenant toute sa signification lors du dénouement.
Bref : un excellent roman policier qui, s’il est différent d’un Bonhomme de Neige ou de Chasseurs de tête de Jo Nesbo, n’en est pas moins une vraie belle découverte.
Le petit plus : Karin Fossum est également l’auteur de Ne te retourne pas (prix Riverton du meilleur polar de l’année en Norvège en 1996) et de Celui qui craint le loup (prix La Clé de Verre en 1997), des romans qui viennent de rejoindre ma LAL !
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