Le 14 juillet 2012, Dominique Strauss-Kahn, président de la République, annonce que la France sort de l’euro. Depuis son élection triomphale en mai 2012, le nouvel élu n’avait rien laissé transpirer de ses intentions dans ce domaine – pour des raisons évidentes : la moindre allusion, le plus petit soupçon auraient entraîné des mouvement désastreux sur les marchés des changes. Comment cette décision a-t-elle été prise ? Comment DSK a lui-même été élu ? C’est cette histoire extraordinaire que nous conte Philippe Simonnot dans ce roman de politique fiction, qui se lit comme un polar.Grâce à ce guide, à la fois sérieux et amusant, on pénètre dans les arcanes les plus secrets non seulement du pouvoir monétaire, mais aussi du pouvoir tout court et de la lutte féroce qui fait rage en France pour le conquérir. Beaucoup d’informations inédites y sont livrées, par exemple la manière calamiteuse – et non fictive – dont Nicolas Sarkozy a puisé dans les réserves d’or de la Banque de France.
L’informateur du livre surnommé Deep Pocket (Poche Profonde), en référence à la célèbre « taupe » des journalistes du Washington Post dans l’affaire du Watergate, Deep Throat (en français, Gorge Profonde), milliardaire, spéculateur de haut vol, lié à la grande banque, connaît tout de la crise économique mondiale qui a débuté en 2008 et des hommes qui l’ont gérée.
J’étais plutôt enthousiaste à l’idée de lire ce livre de politique-fiction, un genre que je n’avais encore jamais lu, et dont la quatrième de couv’ promettait une lecture à l’identique de celle d’un polar, un genre que j’affectionne. Hélas, ce fut la douche froide !
Ce livre, conçu comme la retranscription d’entretiens entre un journaliste -le Candide- et un informateur -Deep Pocket- s’avère bien décevant. Surtout parce que le langage de Poche Profonde est assez hermétique, essentiellement porté sur l’économie monétaire des différents pays du monde, dont la France bien sûr et l’Europe. Cet homme s’exprime comme un livre, non comme un être humain engagé dans une conversation, fait appel à des connaissances que je ne possède pas, même s’il explique pas mal de choses, de concepts, ceux-ci restent assez indigestes et donc difficiles à comprendre et à suivre pour le bienfait de l’intrigue.
Celle-ci, a priori, repose sur les raisons qui font que DSK, élu en 2012 président de la République, et sur son engagement -tardif- dans la campagne électorale… Mais, à force d’explications historiques, théoriques, économiques, on se sent vite gagné par l’impatience, puis l’ennui… Difficile de s’accrocher à une intrigue quand on a l’impression d’assister à un cours en fac d’économie. Et pourtant, ce sont des questions qui m’intéressent… Mais d’une part, l’histoire des monnaies, des crises financières ou économiques, ne sont pas traitées de manière chronologique, nous faisant faire des sauts dans le temps assez déconcertants-on s’y perd encore plus- et d’autre part, l’auteur avance des thèses, comme les raisons du suicide de Pierre Bérégovoy, qui, même si nous sommes dans de la politique-fiction, n’en demeurent pas moins un peu extrêmes.
Un autre défaut du roman réside dans le fait que l’auteur distille informations réelles et imaginaires, dont il est difficile de faire le tri quand on n’est pas au fait de certains événements. Par contrecoup, il devient difficile d’adhérer à nombre des événements rapportés, d’autant que la taupe semble avoir été partout, de tous les combats, de tous les instants de la vie politique du pays, à diverses époques, et que cela paraît tout de même irréaliste.
Bref : un roman dont la lecture est ardue, et où il est malaisé de rentrer et de croire, peut-être plus réservé à des lecteurs avisés des questions économiques et monétaires…
Le petit plus : Philippe Simonnot sait de quoi il parle, docteur ès sciences économiques, il est un spécialiste reconnu des problèmes monétaires.
Merci qui ? Merci à Babelio et aux éditions Michalon pour l’envoi grâcieux de cet exemplaire qui m’a permis d’apprendre tout de même quelques petites choses, et de découvrir ce genre littéraire, qu’est la politique-fiction.
Place aux lecteurs