« Un grondement d’orage monta, lointain, assourdi. Emil, qui avait le visage levé, reçut les premières gouttes de pluie dans 1′œil. Il finissait de se frotter les paupières lorsqu’il vit un homme étrange descendre lentement du ciel, arriver au sommet de la haie et passer au travers. Deux bras sortirent entre les épines, puis se retirèrent, et disparurent. »
Les bibliothèques et médiathèques municipales ont cela d’extraordinaire qu’elles recèlent en leurs étagères des petits bijoux de littérature qu’on n’aurait peut-être pas achetés… Au détour du rayon fantastique de celle que je fréquente assidûment depuis mon déménagement, j’ai trouvé Les fantassins du ciel.
Patrick Ravella, l’auteur, a vécu au milieu du bazar de ses parents, a été marionnettiste puis psychiatre. Il a écrit de nombreux textes, essentiellement dans la revue Dada. Il a toujours voulu associer le merveilleux, inspiré des contes, et la réflexion sur le monde contemporain. Pari réussi avec Les fantassins du ciel, son premier roman.
D’une plume légère et pourtant d’une profondeur bouleversante, l’auteur nous fait suivre en parallèle le parcours d’un couple, Emil et Liz. On s’attache très vite aux héros de ce court roman (171 pages !), Emil et Emma sa collègue, Liz et Jigme son sherpa… Portés par une poésie incroyable, même dans les heures les plus sombres, ils traversent ce moment d’existence comme ils le peuvent, mais guidés par leurs rêves. Tout comme Max, l’inventeur génial de girouettes et vélos aux mécanismes merveilleux, et amoureux de Léonore, la mère d’Emil qui vit seule dans la forêt.
Je n’ai pu m’empêcher de penser à Ravage, de Barjavel, à certains moments du récit, Barjavel, roi du merveilleux, de l’apocalypse et de l’amour extraordinaire, autant d’ingrédients présents dans ce livre. Patrick Ravella sait aussi, comme lui, pratiquer l’art de l’absurde pour mieux parler de la bêtise humaine tout comme de la naïveté, et insuffler des notes aériennes à une histoire qui porte sa part de drames.
Bref : un petit ovni dans mes dernières lectures, un vrai coup de coeur (et vous savez comme j’en suis avare).
Le petit plus : Patrick Ravella sait réveiller notre âme d’enfant avec Les fantassins du ciel.
Et dedans ?
Emil regarda les nuages. Il avait une immense envie de les peindre. Dans chacun de leurs mille petits détails mouvants, il voyait des silhouettes, des armées en marche, des visages qui s’étiraient, des dragons qui se tordaient, se transformaient en sirènes, en brouettes, en canoë.
c’est vrai que souvent dans les bibli, on trouve des livres vraiment géniaux, des petits trésors qu’on est ravis d’avoir pu découvrir!
et celui-là, c’est vraiment un très chouette petit trèsor !
Vu ton avis, je le note !
Tu fais bien, car vraiment j’ai beaucoup aimé, un vrai coup de coeur, et je pense qu’il te plaira !
Merci flof13
Cela me fait un grand plaisir de lire, 11 ans plus tard, l’avis que vous avez publié sur mon livre.
A l’époque, l’éditeur n’avait pas pu assurer une grande diffusion, peut-être que grâce à vous j’ai gagné quelques lecteurs.
Bien amicalement