« Le patron de Radio France me propose un thé vert. Deux énormes théières trônent sur une table de réunion ovale. Je décline l’offre.
« Vraiment? Vous ne voulez rien boire? »
S’ensuit une longue discussion sur l’humour, ses limites, ce qui est drôle, ce qui ne l’est pas…
Bizarrement ma tête bourdonne, je repense à mes débuts, mes galères, mes premiers pas sur scène, mes premières chroniques radio, avec toujours le même but: faire rire les autres… Et puis j’entends cette phrase étrangement menaçante: « On m’a demandé de vous calmer ».
Comme si quelqu’un venait de siffler la fin de la récré. »
S.G.
Je ne connaissais des chroniques de Stéphane Guillon sur France Inter que les quelques coups d’éclat médiatisés qui ont fini par lui valoir la porte de la grande radio publique ; je connaissais plus ses chroniques chez Ardisson dans Salut les Terriens, et j’avais vu quelques uns de ses sketches… Bref, voilà un homme insolent qui dit tout haut les absurdités qui ont le don de m’énerver.
Alors, à la lecture de ses textes, je n’ai pu bien sûr m’empêcher de penser au Tribunal des Flagrants Délires, de Pierre Desproges -avec Daniel Prévost-, Desproges que j’ai beaucoup lu et que j’aime beaucoup. Guillon fait partie de cette famille, de celle des humoristiques qui s’engagent, ni à droite ni à gauche, mais pour débusquer l’absurde, lutter contre le politiquement correct, la langue de bois, mettre les détails « qui tuent » en lumière…
Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, j’ai revécu tout ce qui a fait l’actualité de la France -la grande et la petite-, entendant dans ma tête la voix de Guillon, la sienne propre ou quantd il imite le président et autres. Bon sang, me dis-je, tout ce qu’on a essayé de nous faire gober, et si j’en ris, je ne peux m’empêcher de m’indigner encore, ou de soupirer d’exaspération…
Le mérite de Stéphane Guillon, en live, est de réagir sur l’instant, celui de son livre est d’en garder la mémoire, qu’on a tendance à avoir courte, car le propre même de l’actualité est d’être actuelle, et donc de s’envoler vite au profit d’une autre…
Bref : « On m’a demandé de vous calmer » est à lire absolument, pour se rappeler, et pour garder en mémoire ce qui dérange et qui finalement se révèle sûrement plus vrai que ce qu’on voudrait bien…
Le petit plus : La suite, « On m’a demandé de vous virer » est déjà disponible !
Merci qui ? Merci à Livraddict et aux éditions Points pour l’envoi grâcieux de ce livre de santé intellectuelle publique !
Place aux lecteurs