Le corps d’un petit garçon était couché dans la neige lorsque la voiture d’Erlendur est arrivée au pied de l’immeuble de banlieue, en cette fin d’après-midi glaciale de Reykjavik. II avait douze ans, rêvait de forêts, ses parents avaient divorcé et sa mère venait de Thaïlande, son grand frère avait du mal à accepter un pays aussi froid. Le commissaire Erlendur et son équipe n’ont aucun indice et vont explorer tous les préjugés qu’éveille la présence croissante d’émigrés dans une société fermée.
Brrr ! Un livre totalement en adéquation avec la météo du moment chez moi, un livre à frissonner, à resserrer les pans de son manteau sur soi, à rajuster son écharpe autour du cou, alors même que j’étais bien au chaud dans mon tram pendant la lecture de ce roman policier signé Arnaldur Indridason. Bien évidemment, le fait que cela se déroule en Islande en plein hiver n’y est pas étranger, mais c’est surtout les thèmes abordés qui m’ont filé un grand coup de froid : la mort d’un petit garçon, forcément ça ne peut que toucher, mais aussi les préjugés racistes, la piste pédophile…
Comme d’habitude, Arnaldur sait nous faire partager son pays si particulier, insulaire, glacial, hostile et fascinant. Cette fois-ci, c’est l’immigration qui est au coeur de l’enquête d’Erlendur et son équipe, dans ce pays à la démographie vacillante, où ils sont si peu que les noms de famille n’existent pas (on appelle les gens par leur prénom suivi du nom de leur père). Parallèlement à ce drame, Erlendur a en charge une affaire de disparition, chose courante en Islande apparemment, où le taux de suicide est très important, et où cela semble assez banal et banalisé dans cet univers inhospitalier, aux conditions de vie assez difficile !
C’est un grand policier que nous a écrit là Arnaldur Indridason, avec son commissaire vedette, Erlendur, qui s’emporte, qui peste, qui tâche de comprendre la société d’aujourd’hui (ah, les expressions anglaises, qu’est-ce qu’elles peuvent lui casser la tête !), sa propre histoire et ses enfants… On y découvre encore un peu plus Sigurdir Oli, l’un de ses inspecteurs, et on se rend compte de plus en plus que l’auteur sait distiller ses informations à dose homéopathique, en toute pudeur, donnant vie à des personnages tout en nuances, qu’il sait faire évoluer au fur et à mesure des volumes.
J’ai beaucoup aimé cette nouvelle incursion dans l’univers islandais, servie par une écriture toute nordique, mais surtout singulière, à l’image de cette île hors norme, où la société diffère énormément de la nôtre -quand on pense que l’Islande monte un dossier de candidature pour l’Union Européenne ! La résolution du meurtre du garçonnet est surprenante, et laisse pantois… et toute frémissante, je me suis blottie dans ma couette où j’ai achevé cette lecture, le coeur serré et glacé
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Bref : un très bon policier que nous offre là Indridason, la preuve : il a obtenu le prix Clé de Verre du roman noir scandinave pour la 3ème fois avec cet opus.
Le petit plus : j’ai lu Hiver arctique dans le cadre de l’opération Destination Islande d’Evertkorus, j’aurais voulu lire un autre auteur islandais, mais à la médiathèque, il n’y avait plus que celui-ci de disponible : je ne regrette pas du tout ! Rendez-vous ici pour le récapitulatif des billets des autres participants !
je ne pense pas qu’on puisse dire qu’Indridason, c’est fun, tu sais Frankie… mais quoi que la mauvaise humeur d’Erlendur dans ce tome m’a fait sourire plus d’une fois !!!
pfiouuuu mais t’arrêtes de me faire envie avec toutes tes lectures!!! jsens que je vais bien piocher dans ta bibli a la prochaine visite!!!
celui-là, je l’ai emprunté, mais j’en ai pas mal d’autres de l’auteur dans mes étagères…