Automne 1942, la Pologne est sous le joug nazi. Katarzyna et Elzbieta, jeunes Juives polonaises, réussissent à fuir le ghetto pour échapper à la déportation. Un long périple les mène chez l’ennemi même, en Allemagne, où elles s’inscrivent pour le travail volontaire. Comme le dit leur père, « plus les projets sont fous, plus ils réussissent. » Mais le subterfuge utilisé par de nombreux juifs est déjà connu de la gestapo. Contraintes d’errer d’usines en ferme, de changer de noms et de rôles, les deux sœurs vivent dans la peur d’être démasquées et l’espoir de retrouver leur père et leur pays.
Un roman sous le signe du coup de coeur pour moi, car il m’a beaucoup touchée, atteinte justement à ce bout de moi qui bat plus ou moins régulièrement selon les émotions ressenties, notamment lorsque je lis. Et là, plus d’une fois, il a tressauté, tressailli, frémi, s’est serré au point d’en devenir douloureux, et d’atteindre mes tripes. Parce que Le voyage prend aussi aux tripes ! Tout comme l’héroïne n’en a pas manqué tout au long de ce récit.
Ida Fink a su remarquablement raconter le souvenir de ce voyage avec sa soeur, car ce roman est autobiographique. Retranscrit simplement, avec une grande honnêteté, parlant du quotidien effrayant de jeunes juives se jetant dans l’Allemagne nazie pour échapper aux camps de concentration, Le voyage est pétri de courage, d’abnégation mais aussi de doutes terribles.
Ce souvenir douloureux d’un destin qui peut basculer à tout moment est parsemé d’instants de bonheur tout simples. Roman schizophrénique -à chaque changement d’identité, l’auteur parle d’elle et de sa soeur comme d’autres personnes : elle se voit agir, parler, tout en étant une autre- Le voyage se veut aussi le reflet d’une époque où les différentes couches sociales se sont côtoyées comme jamais, dans une intimité extrême, où le monde n’est ni blanc, ni noir mais souvent gris, à l’image de nombre de personnes croisées par Ida Fink durant son périple.
Vrai témoignage, sans concession, ni appitoiement, ni glorification ou vanité, le livre nous emporte de l’actuelle Ukraine à la frontière suisse, dans une fuite éperdue, une course à la vie, à la mort, une course de vies entremêlées, celles de deux filles et de leurs multiples doubles qui effleurent celles d’hommes et de femmes que tout semblent opposer ou rapprocher.
J’ai oublié de parler de la langue, très belle, où les mots sont évocateurs, puissants et vrais… que dire de plus ?
Bref : Un livre-mémoire qui ne célèbre rien, sinon l’amour, et donne des souvenirs pour qu’on n’oublie rien, jamais.
Le petit plus : Cette lecture passionnante m’a irrésistiblement fait songer à ce journal J’ai voulu porter l’étoile jaune, sur la même période de l’histoire, mais vue autrement.
Merci qui ? Merci à Blog-o-Book et aux Editions Héloïse d’Ormesson pour cette magnifique découverte. Au passage, je trouve la couverture très belle, bravo à l’éditeur pour ce choix !
18/50
Tout comme toi, j’ai été conquise par ce roman. Un magnifique roman!
Un titre que je note car c’est un thème qui m’intéresse.
@ Pimprenelle : c’est drôle, parce que lorsque j’ai postulé, je le sentais que ça me plairait !
@ Véro : tu as bien raison !! hop, in your wish-list !
J’ai moi aussi apprécié ce livre, notamment pour son côté historique et l’absence de manichéisme de l’auteur.
Mais il m’a sans doute moins fait vibrer que toi (je l’ai savouré d’une manière plus « cérébrale », sans trop de « vibrations »).
ah c’est rigolo, parce que j’ai beaucoup aimé le côté historique aussi, mais comme tu le dis, j’ai « vibré », je suis une grande sentimentale que veux-tu !
ah mais euh…bon, ben tu le mets de coté aussi avec tous les autres hein, et ej verrai bien ce que je prend ou pas a la prochaine visite!
bon, je vois que tu vas repartir avec une cargaison, ça me fait plaisir !!!
hihi, c’est pas une clio qu’il nous faut, c’est au moins un monospace!