Daniel Ferrey n’est rien. Même pas une petite frappe. De quoi étonner la police quand elle découvre qu’il a été la cible de tireurs bien organisés. Il faut dire qu’il passe ses journées à jouer aux courses et s’invite le soir chez sa sœur, mariée à un investisseur immobilier… un vrai parasite ! Alors cette histoire de tueur le surprend lui aussi, d’autant qu’il apprend que le tireur a été retrouvé abattu. Comme si quelqu’un cherchait à le protéger… Car Daniel en mettrait sa main à couper : le soir où on a voulu le tuer, tandis qu’il gisait sur le sol, quelqu’un – un ange gardien ? – est venu lui parler, et lui a ainsi permis de tenir jusqu’à l’arrivée des secours. Daniel ne veut pas être le dernier à comprendre et décide de mener l’enquête de son côté, une enquête à l’envers où celui qui est recherché n’est plus l’assassin mais un mystérieux « sauveur »…
Voici un roman assez surprenant, inclassable, entre policier et aventures, en tout cas indéniablement intéressant.
C’est Daniel Ferrey qui nous raconte son histoire, celle d’un type un peu paumé qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie et qui subsiste en jouant aux courses, non comme un parieur dévoré par la passion du jeu, mais comme un spéculateur. Or, un jour, il se fait tirer dessus et il va partir à la recherche d’un regard qui l’a sauvé. C’est donc la quête d’un homme pour quelque chose d’assez indéfinissable, qui lui fera rencontrer des personnes hors normes ou très ordinaires au contraire, mais qui nous toucheront. Peut-être parce que Daniel, le narrateur, n’est pas indifférent, qu’il sait partager ses sentiments, surtout depuis qu’une seconde chance de vivre lui a été donné. C’est en cela certainement que réside la réussite de ce livre, c’est l’empathie qu’il provoque en nous, pour les personnages qu’on croise en compagnie de Daniel.
Le schéma narratif, plutôt linéaire, ponctué de citations ou de proverbes en anglais en tête de chapitres (Ferrey est un traducteur au chômage), réserve de belles surprises, tranquillement, l’air de rien… Un peu comme le héros, un type ordinaire à première vue… L’originalité du roman tient tout entière dans le fait qu’il ne s’intéresse qu’à retrouver son sauveur et pas le tireur, mais quelquefois quand on cherche quelque chose de bien précis, on découvre bien plus que ce qu’on croyait au départ !
J’ai reposé le livre en ne voulant pas croire à la fin, préférant me raccrocher à ce qui me semble être suggéré -le romantisme a la dent dure chez moi ! J’ai même envisagé que le roman ne soit qu’une boucle, le rêve d’un homme sur le point de mourir.
Je ne doute pas que la peur de la mort produise en nous une affection désespérée pour l’inconnu qui se tient à nos côtés, mais ce que je ressentais allait bien au-delà, me semblait-il et le fait que je sois en train de mourir n’était plus qu’une chose secondaire. Pour quelques secondes encore, je vivais. Et j’avais précisément l’impression de vivre une rencontre, d’être au début d’une histoire.
Bref : une découverte intéressante que ce premier roman de David Agrech.
Le petit plus : Deux mille kilomètres avec une balle dans le coeur a remporté le Prix du roman d’aventures.
Merci qui ? Merci à Blog-o-Book et aux éditions du Masque pour l’envoi gracieux de cet exemplaire qui trônera en bonne place dans ma bibliothèque.
Je suis assez d’accord avec ton billet, ce livre est intéressant mais pas prenant. Les longueurs ont failli avoir raison de moi..
Pourtant un très belle plume.
Biz
Ah, moi, il ne m’a pas ennuyée une seule seconde, j’avais toujours envie d’en savoir plus… et oui, je plussoie : une belle plume ! bises aussi.
également reçu en partenariat (mais avec Livraddict), j’ai eu les sentiments inverses de toi : pas assez d’aventures et une intrigue policière moyenne sur les 3/4 du livre mais une fin excellente.
ce n’est pas vraiment un roman d’aventures, en tout cas, pas au sens où on l’entend généralement… et la fin est excellente, bien d’accord avec toi !!