Sussex, 1947. Sherlock Holmes vit retiré d’un monde dont les mutations et le tapage absurde lui échappent de plus en plus. Seuls le préoccupent à présent ses abeilles, l’écriture et le déclin de sa mémoire. Mais certains êtres cherchent encore auprès de lui des réponses essentielles sur la vie, l’amour ou les limites terriblement humaines de la raison, provoquant la résurgence d’émotions que Holmes avaient si longtemps enfouies, fissurant sa maîtrise légendaire… Dans ce portrait subtil et doux-amer d’une figure mythique, réflexion sur l’absence du père, le temps qui passe et les barrières intérieures que l’on s’impose, Mitch Cullin mène l’enquête, entrelaçant trois histoires, trois temps de la vie de Holmes, et porte sur le personnage un éclairage inédit et émouvant.
Après avoir lu et apprécié Tideland du même auteur, je me suis plongée dans ce roman, ne sachant trop à quoi m’attendre, ne m’étant pas attardée sur la 4ème de couverture, et ayant tilté sur le nom de Mitch Cullin tout simplement…
Ce livre n’est pas un postiche d’une enquête du célèbre Sherlock Holmes, loin de là ! Cullin, ici, profite du personnage du détective de Baker Street pour nous tracer un portrait de l’humain et de la mémoire, celle qui trahit, celle qui surgit inopinément, celle qui obsède, celle qu’on couche sur du papier avec des mots, ou qu’on dessine, comme un enfant, qu’on colle, qu’on photographie, qu’on collectionne, qu’on cache, qu’on enfouit, qu’on brûle…
On trouve dans ce roman un vieux monsieur au caractère toujours aussi particulier, mais qui se révèle au travers de trois histoires qui s’entremêlent, sans jamais s’y perdre. C’est aussi un livre sur la solitude, sur l’amour, le lien filial, et du souvenir indélibile de ce qui n’a jamais été ou ne sera jamas. C’est la vieillesse, et la jeunesse, l’homme et la femme, le père et le fils, l’être humain et la nature, l’ami et l’ennemi, la destruction et la lutte, l’espoir et le désespoir…. la vie !
Ecrit avec délicatesse, si différent de Tideland pourtant, Les abeilles de Monsieur Holmes m’on fait voyager du Sussex au Japon, et dans le Londres de Baker Street… Les mots sont beaux, poétiques, rudes parfois, conservant la trace du souci de l’exactitude, du détail du héros de Sir Conan Doyle que j’ai, pour ma part, découvert dans Le chien des Baskerville.
Que pouvait-elle savoir du Seigneur, de toute façon ? Elle s’en faisait sûrement une représentation conforme à l’imagerie populaire : un vieil homme ridé, omniscient, qui régnait sur la Création depuis un trône d’or entouré de nuages pommelés et s’exprimait sur un ton à la fois gracieux et impérieux. Oui, son Dieu arborait sans nul doute une longue barbe blanche. Il trouvait amusant qu’elle Lui attribue des traits sans doute similaires aux siens -sauf que Dieu n’était qu’un produit de l’imagination humaine, contrairement à lui (en tout cas, pas entièrement).
Bref : un petit bijou de littérature qui m’a serré le coeur plus d’une fois, et fait venir la larme à l’oeil tout autant, un beau portrait de l’Homme tout simplement et un coup de coeur !
Le petit plus : Comme toujours, les éditions Naïve ont réalisé un bel objet. J’attends la sortie du prochain roman de Mitch Cullin traduit en français, mais apparemment ce sera chez les Editions Inculte (que je ne connais pas) : King County Shérif.
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