Nous sommes dans les années cinquante. Au large de Boston, sur un îlot nommé Shutter Island, se dresse un groupe de bâtiments à l’allure sinistre. C’est un hôpital psychiatrique pour assassins. Le Marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule ont été appelés par les autorités de cette prison-hôpital car l’une des patientes, Rachel Solando, manque à l’appel. Comment a-t-elle pu sortir d’une cellule fermée à clé de l’extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Oeuvre incohérente d’une malade ou cryptogramme ? Progressivement, les deux policiers s’enfoncent dans un monde de plus en plus opaque et angoissant, jusqu’au choc final de la vérité.
Après avoir lu la BD adaptée du roman par Christian De Metter, le Book Club de septembre sur Livraddict a été l’occasion de lire l’oeuvre originale. Une vraie réussite ! Le lecteur est baladé du début à la fin, empli de doutes, puis de certitudes et à nouveau de doutes et ainsi de suite. L’histoire est admirablement menée : on ne sait jamais où se situent la réalité, pas plus que la vérité. On pourrait parler de roman schyzophrénique, je crois.
Comme je l’ai dit plus haut, j’avais lu la BD et je savais à quoi m’attendre. Néanmoins, j’ai savouré le livre, prenant plaisir à m’interroger sur la véracité des faits, traquant l’illusion, le mensonge…En parlant de la BD, c’est vraiment une très bonne adaptation. Rétrospectivement, j’y ai retrouvé les ambiances du roman de Dennis Lehane et de toute l’ambivalence qui règne dans ce livre assez particulier. Je le rapprocherais d’ailleurs volontiers de Thérapie de Sebastian Fitzek, que j’avais beaucoup aimé également.
Le talent de l’auteur ne réside pas tant dans son style (j’ai plus particulièrement apprécié les répliques : un don de dialoguiste chez Lehane !), mais dans sa narration, tout en manipulation du lecteur aussi bien que de ses personnages. Ceux-ci, assez atypiques -nous sommes dans un univers psychiatrique-, sont si mystérieux, et en même temps attachants, comme Teddy et Chuck, qu’ils contribuent merveilleusement bien à l’intrigue. L’écrivain est un vrai marionnettiste, sur ce coup-là !
Bref : à recommander, sans nul doute.
Le petit plus : je regarderais bien à l’occasion le film de Scorcese. J’avais beaucoup aimé l’adaptation d’un autre roman de Dennis Lehane par Ben Affleck (mettant en scène son frère Casey) : Gone Baby Gone.
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