Défi, réquisitoire, utopie, ce livre mondialement célèbre, chef-d’œuvre de la littérature d’anticipation, a fait d’Aldous Huxley l’un des témoins les plus lucides de notre temps. Aujourd’hui, devait écrire l’auteur près de vingt ans après la parution de son livre, il semble pratiquement possible que cette horreur s’abatte sur nous dans le délai d’un siècle. Du moins, si nous nous abstenons d’ici là de nous faire sauter en miettes… Nous n’avons le choix qu’entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique
Bon, il fallait bien qu’un jour je lise enfin ce monument… C’est chose faite grâce à une Lecture Commune sur Livraddict (eh oui, honte à moi, je ne rends ma critique que maintenant, mais essayez donc de déménager une famille de 6 !! lol).
Critique d’une société qui choisirait ses enfants selon l’usage qu’elle pourrait en faire, Le meilleur des mondes est un roman d’anticipation plutôt clairvoyant : quand on songe, ne serait-ce qu’un instant, à ces parents en mal d’enfants qui choisissent les donneurs de sperme ou les mères porteuses sur des critères physiques, intellectuels… Eh oui, on y est déjà dans ce Meilleur des mondes qui refuse les plus de 40 ans car pas assez bons, pas assez en forme pour travailler…
Pour en revenir au roman, la société décrite y est effarante -et pas impossible !. C’est une réflexion sur le monde « civilisé » tel qu’il pourrait devenir, en comparaison avec le monde « sauvage », où les hommes cultiveraient encore une foi, et sur lequel le progrès technologique aurait eu moins de prise.
C’est vraiment à lire, car la société dépeinte y est vraiment très bien imaginée comme le conditionnement de l’être humain à l’échelle fordienne -Ford, grand industriel automobile, s’est inspiré des chaînes d’abattage pour inventer les chaînes de production automobiles et avait développé des thèses eugénistes (ça vous rappelle quelque chose ?) tout comme le propre frère d’Aldous Huxley.
Bref : tout est dans ce sens, où l’on sent bien que l’auteur a finalement inventé son Meilleur des Mondes en fonction de ces thèses, ni plus ni moins très aryennes. A lire donc, histoire de se faire peur, car rien n’est terminé. L’Histoire n’est qu’un éternel recommencement.
Mes cop’s de LC : Cacahuète, Wilhelmina, Setzuka, Lynnae, Cess, Calypso, Surchatm, Mélusine
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