Dans un village de l’Est algérien, des femmes découvrent sur la plage le cadavre d’un nouveau-né. Les soupçons se portent sur une famille. Afin de couper court aux rumeurs, le père mourant souhaite que sa plus jeune fille, Hanifa, se marie. Il doit aussi la protéger de la loi des hommes. Car en Algérie les femmes, considérées comme de mineures à vie, ne peuvent vivre sans la protection d’un tuteur légal, qu’il soit père, frère ou époux. C’est la décennie noire, la guerre civile entre l’armée et les groupes islamistes qui terrorisent la population isolée des villages. C’est aussi l’Aïd el-Kébir, la fête du Mouton, célébrant cet épisode : un père doit amener son enfant au sacrifice sur ordre de Dieu. Hanifa doit se marier au plus vite, car son père ne sait s’il pourra passer son dernier Aïd, sa dernière « grande fête » en famille. Mais voilà Hanifa est amoureuse…
Je connaissais Karin Albou de nom, car elle est une réalisatrice (également actrice et scénariste) remarquée depuis son premier film La Petite Jérusalem présenté à Cannes en 2005. Je n’avais rien vu d’elle, et lorsque Ulike a proposé dans le cadre de sa Semaine de la Rentrée Littéraire une liste d’ouvrages, La grande fête m’a fait de l’oeil, tant par le nom de son auteur que par son sujet…
Et je n’ai pas regretté mon choix, bien au contraire ! C’est un véritable coup de coeur… Ce livre, court mais dense en émotions, m’a littéralement transportée. La langue, belle et juste, l’histoire si bien racontée, avec son sujet difficile… C’est un livre de femme qui raconte les femmes, les femmes d’Algérie, dans un petit village, où l’on n’est pas au fait des mêmes choses qu’en ville, mais où finalement, tout un chacun est soumis aux traditions, à la religion, à la famille… L’amour suinte par toutes les pages de ce roman, l’encre dégouline de forts sentiments, qui ne donnent jamais dans le cliché ou la caricature. Quelle délicatesse, et en même temps, quelle vérité !
J’ai adoré la façon dont Karin Albou fait parler son héroïne de son intimité, celle où seul son mari aura le droit de venir se réfugier… C’est beau, cet éveil à la sexualité, à l’intime, au rapport à son corps, au corps de l’autre… C’est dur en même temps, car la jeune Hanifa se sent si perdue, dans cet univers où l’on ne dit pas tout, mais où tout est suspecté, soupçonné.
Vous l’aurez compris, ce livre m’a énormément touchée. C’est un livre à lire également pour les hommes, je pense. Les femmes sont compliquées ? Lisez donc messieurs et vous en saurez un peu plus sur la façon dont une jeune fille se construit, dont elle peut se considérer face à vous… Certes, on est dans un monde patriarcal, ici, mais l’essentiel des émotions y est.
En bref : un gros coup de coeur ! A lire absolument !!
Merci qui ? Merci à Ulike et aux éditions Jacqueline Chambon (que je ne connaissais pas mais sur laquelle je vais m’attarder désormais !) pour l’envoi grâcieux de cet exemplaire, accompagné de petites friandises (dévorées par mes loulous !) et d’autocollants (qui ont tout de suite rejoint des copains sur mon frigo !).
Désolée… de ne publier ma critique que maintenant, mais mon blog a connu un gros standby, déménagement et rentrée oblige (eh oui, je suis enseignante !)… (et en plus, j’ai perdu les logos à mettre, car j’ai eu un gros bug sur mon ordi, perdu tous mes mails, et mes dossiers !)
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