En 1993, la jeune Marie Gesto disparaît à la sortie d’un supermarché d’Hollywood. L’affaire est confiée à l’inspecteur Bosch, qui ne peut la résoudre, la victime n’ayant jamais été retrouvée. Treize ans plus tard, soit en 2006, Bosch reçoit un appel lui signalant qu’un suspect accusé de deux meurtres de femmes particulièrement ignobles, dont celui de Marie Gesto, est prêt à passer aux aveux moyennant un recours à la procédure du ‘plaider coupable’ qui lui éviterait la condamnation à mort. La tâche de Bosch consiste donc à recueillir ces aveux et à vérifier si l’assassin n’est pas en train de blouser l’appareil judiciaire afin d’éviter la piqûre.
Je suis faible. J’ai replongé. Après Deuil interdit lu -et adoré- il y a un mois, il me fallait ma dose d’Harry Bosch. Et comme à chaque fois, j’ai été conquise. Pas autant que pour Le Poète, certes, mais cet Echo Park a énormément de qualités.
Pour une fois, Michael Connelly prend le temps d’installer son intrigue et ses personnages, mais cela fait, ça part sur les chapeaux de roue. Ici, dès la deuxième partie, on découvre l’assassin, et cela peut paraître perturbant ou gênant pour certains lecteurs. Mais moi, grande fan du flic télévisuel Columbo ou de Lune Sanglante de James Ellroy par exemple, j’ai vraiment apprécié le principe. En effet, on assiste au fonctionnement de la machine judiciaire américaine (on est en pleine élection des procureurs), et c’est tout à fait intéressant.
De plus, l’inspecteur fétiche de Connelly est savoureux à souhait : son enfance difficile, son passé de rat d’égoûts (il faut absolument que je lise Les égoûts de Los Angeles !), sa difficulté à vivre dans le présent (il vit au rythme de musique jazz des annes 50, et est incapable d’utiliser un ordinateur), ses principes, sa capacité d’empathie avec les victimes et leurs familles, ses problèmes avec la hiérarchie ou la discipline, tout cela fait de lui un héros attachant.
Par ailleurs, tous les personnages sont toujours aussi bien construits, ce qui contribue à faire d’Echo Park une réussite en matière psychologique, et sociologique. En effet, Connelly ne se prive pas de nous livrer une critique de la société américaine, de manière subtile, et de nous dépeindre un univers noir, glauque, très visuel également et qui ne peut que nous toucher.
Et surtout, sans dévoiler l’histoire, ici encore, l’auteur manipule le lecteur, tout comme les différents acteurs de cette enquête de Harry Bosch. Et ça, c’est jouissif ! J’adore me faire trimballer…
En bref, très habilement, Connelly fait osciller cet opus entre thriller, roman policier à énigmes, politique et portraits psychologiques.
Le petit plus : Je vais sous peu recevoir L’épouvantail de Michael Connelly, dans le cadre de la Masse Critique de Babelio, ce qui donnera forcément lieu à un nouveau billet dans l’univers connellien (j’invente des mots, j’aime bien ! ), sans parler d’A genoux, dernier roman de l’auteur dans ma PAL.
Place aux lecteurs