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Comment faire lorsqu’on est un flic chargé de retrouver un confrère disparu et qu’on est un drogué du sexe, qu’on n’a jamais mis les pieds plus d’un quart d’heure d’affilée dans son bureau et qu’on est harcelé par toutes les femmes qui croisent votre route ?
Sur la voie de la réponse, Milo Rojevic, alias Casanova, rencontrera une dresseuse de chiens aveugle et zoophile, un boxeur K.-O. depuis une dizaine d’années, deux tueurs à gages philosophes, un flic rompu aux méthodes expéditives, une ancienne psy dévoreuse d’hommes et un boucher au langage aussi fleuri qu’incompréhensible.
II y rencontrera aussi le plus dangereux, le plus contradictoire, le plus pathétique de tous… Car il n’est pas de guerre que l’on gagne contre soi-même…
Voici un roman au parfum bien particulier : ça sent le sexe (je devrais même dire la baise), la baston (Rojovic s’en prend plein la tronche tout le long !!), les flics ripoux, la mort et l’absurde. C’est du costaud, c’est du lourd, comme ce langage bien loin de Neuilly, teinté quelquefois d’un argot à couper au couteau, où ce policier hors-norme, anti-héros au possible, va enfin mener une enquête… Ben oui, c’est son partenaire qui faisait tout le boulot pour lui, le couvrant, pendant que Casanova couvrait autre chose. Désolée, mais ici, la langue est crue, et si vous êtes du genre facilement choqué, passez votre chemin et ne tendez même pas la main vers ce bouquin dans votre librairie.
Mais si vous êtes prêt à tenter l’aventure, sachez que le voyage va être mouvementé. Véritable descente aux enfers, ce livre à la double narration -Rojovic prend régulièrement le relais du narrateur, au point où je me suis demandée s’il se confiait à un psy, mais non, c’est à nous !- est un ovni dans le monde du polar : l’enquête une fois résolue, l’histoire continue, car ce qui prime ici, ce n’est pas l’enquête mais l’enquêteur… Et il traîne de sacrées casseroles, le Johnny-Belle-Gueule ! Qui vont l’emmener en terrain glissant, et le lecteur avec lui…
Une fois la dernière page tournée, je me suis sentie bizarre, me posant des tonnes de questions, la fin étant… ah non, je vous laisse la surprise ! Et puis, les personnages croisés et rencontrés plus ou moins intimement sont si perturbants, pas seulement leurs actes, leurs pratiques, mais leur mentalité, leur état d’esprit sont si éloignés de ce qu’on a l’habitude de rencontrer en littérature qu’on ne peut rester indifférent.
Le style est tant sans concession, comme le verbe, sans détours, comme le verbe encore une fois, qu’il faut s’accrocher. Et puis, en fin de compte, s’accrocher n’est pas si difficile que ça, car on n’a qu’une envie : savoir le fin mot de tout ça. C’est une plongée en eaux troubles, glacées et pleines de colère, à l’image du héros, qui n’est pas sans me rappeler La Sirène Rouge de Maurice G. Dantec, un de mes auteurs favoris. Car l’auteur ne fait de cadeaux à personne, ni à ses personnages, ni à ses lecteurs.
Le petit plus : Chainas, depuis ce cri d’amour pulsionnel, a pondu trois autres romans, au rythme d’un par an : Versus, Anaisthêsia et Une Histoire d’amour radioactive. Je vais certainement me laisser tenter par l’un des opus de celui qu’on appelle « la découverte du polar français ». Et le blog du monsieur, c’est ICI.
Merci qui ? Merci à Blog-o-Book et à Folio pour la découverte surprenante de cet auteur qui écrit à l’acide caustique !
Je pense qu’effectivement tout le monde n’aimerait pas. Mais moi, j’aime ça, les écritures atypiques, les histoires particulières, et ici… ça le fait !
Mais du côté des classiques, on peut trouver aussi ce genre d’auteur !!!