La Terre est envahie. L’humanité est en danger. Nos corps restent les mêmes, mais nos esprits sont contrôlés. Mélanie Stryder vient d’être capturée. Elle refuse cependant de laisser place à l’être qui tente de la posséder. Quelque part, caché dans le désert, il y a un homme qu’elle ne peut pas oublier. L’amour pourra-t-il la sauver ?
Après avoir lu et apprécié la série Twilight à sa juste valeur, je me suis lancée dans ce nouvel opus de la dame Meyer, avec un peu d’appréhension, m’attendant à y retrouver un succédané de sa saga vampiresque. Et je me suis trompée !
Autant j’ai trouvé Twilight franchement adolescent, autant Les Âmes vagabondes m’a semblé plus mature, tant au niveau de l’intrigue que de l’écriture. Tout d’abord, ici, point de vampire, donc de bit-lit, mais de la SF, science-fiction au demeurant très sympathique… Oui, j’ai bien aimé ce roman. Des petits moments de poésie avec la description des différentes peuplades extraterrestres, et leurs noms évocateurs, en passant par les dialogues entre Mel et Vagabonde, l’hôte et l’âme, mais aussi la découverte de cette dernière de l’humanité, de la Terre, pour terminer par les émotions qu’a su très bien rendre Stephenie Meyer.
Oui, j’assume, j’ai beaucoup aimé… et pleuré aussi ! Une vraie madeleine, terrible ! Habilement, l’auteur nous entortille : Vagabonde est attachante, très attachante même, alors qu’on s’apprête dès le départ à la détester, elle, l’envahisseur. On entre d’ailleurs tout de suite en résistance, contre elle, contre les âmes, et tout ce qu’elles représentent : l’aliénation des personnalités humaines dont elles occupent les corps. Pas étonnant, vu que nous sommes humains, nous, lecteurs ! Logiquement et immédiatement, on prend le parti de Mélanie, un sacré personnage, qu’on découvrira petit à petit, tout comme son « parasite ».
Sans trop spoiler, puisque dès le début, c’est ainsi que ça se passe, Mélanie résiste et on assiste au combat de deux volontés… L’évolution des deux femmes est très intéressante, sachant qu’on suit l’histoire du point de vue de Vagabonde, Mélanie nous laissant accès à quelques-uns de ses souvenirs par l’intermédiaire de celle-ci. Et puis, tout l’univers, le mode de vie des âmes est bien construit ; pacifiques, paradoxalement, elles envahissent les mondes pour pouvoir les améliorer. C’est dire si, nous, Terriens, les intéressons avec nos gros défauts : violents, tyranniques, pollueurs, capitalistes… Cela peut sembler un peu caricatural, comme ça, mais on peut dire que ce livre parle des préjugés, des apparences auxquelles il ne faut pas se fier.
Une des qualités de ce roman, c’est de parler de l’âme et du corps, de la séparation entre les deux, telle que les chrétiens l’envisagent. Croyante mormone, il ne fallait pas en attendre moins de Stephenie Meyer. Ainsi les caractéristiques principales qu’elle prête aux âmes -l’honnêteté, l’intégrité, l’obéissance aux lois-, sont des précepts de son Eglise, tout comme le travail. Il faut savoir que les membres de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours ont foi en un Jésus martyr qui a lavé le monde de ses pêchés. Et Vagabonde, passez-moi l’expression, vit un véritable chemin de croix une bonne partie du livre.
Alors, certes, il y a sûrement des messages derrière ce roman. Mais, c’est bien écrit (bien traduit, sans coquille !), ça coule fluide et se laisse lire très facilement sans pour autant céder à la facilité d’un vocabulaire simpliste, c’est très bien fait, empathiquement parlant -car ici, plus que d’invasion extra-terrestre, il est surtout questions de relations humaines et non-humaines-, et l’histoire se tient vraiment bien. En conclusion, pas de remords à avoir en lisant Les Âmes vagabondes, on n’est pas obligé d’y voir des messages cachés d’une église aux croyances et pratiques un peu étranges (le mariage plural était courant chez eux jusqu’en 1900 environ), et simplement se laisser charmer par cette histoire qui mêle amour, suspense, SF, humour aussi, action.
Bref, un chouette moment en compagnie de ce premier roman pour adultes de la reine des amours adolescentes au royaume des vampires.
Le petit plus : Stephenie Meyer a vendu les droits de son livre, et une adaptation cinématographique verra le jour en 2011 avec Andrew Nicol aux commandes, le réalisateur de Bienvenue à Gattaca (à voir absolument) et The Lord of War et le scénariste de The Truman Show et du Terminal.
Le petit plus du plus : La rumeur court d’une suite, en deux romans, The Soul et The Seeker.
Merci qui ? Merci à Livraddict et au Livre de Poche, pour ce partenariat, qui m’a tiré des larmes mais m’a réconcilié avec le style de l’auteur.
Place aux lecteurs