Du Ming, jeune médecin anesthésiste dans un grand hôpital chinois, est hanté par le souvenir de Zhang Qian : une jeune femme issue de sa promotion étudiante, qui l’a envoûté par sa beauté sulfureuse et l’aura d’étrangeté qui l’accompagne. Devenu praticien, Du Ming est resté en contact avec Zhang Qian, qui lui écrit de loin en loin. Or une terrible nouvelle survient : on dit que la jeune femme s’est suicidée…
La dernière fois que j’ai fait un tour dans un magasin de destockage, j’en suis repartie avec une brassée de mangas et de manwhas, tous à 0.95 € l’album… Parmi eux, de grands noms comme Osamu Tesuka, le père notamment d’Astroboy. Et puis, celui-ci, chinois, dont j’avoue que la couverture m’a attirée…
C’est l’histoire de deux jeunes étudiants en médecine, atttirés l’un vers l’autre, mais qui se font tous deux une idée fausse de ce qu’est l’autre. La jeune femme Zhang Qian aime la pureté de Du Ming, qui lui, la trouve hors de sa portée, envoûté qu’il est par sa beauté sulfureuse. On assiste ainsi à de nombreux retours en arrière entre le passé -lorsqu’ils étaient tous deux étudiants- et le présent -à partir du moment où Du Ming, devenu anesthésiste apprend la mort (le suicide en fait) de la belle demoiselle. A cette histoire, vient s’ajouter la relation que vit Du Ming avec une jeune infirmière de son hôpital, amoureuse de lui…
Ainsi, nous allons découvrir les raisons du suicide de Zhang Qian, comme la réelle nature de ce mystérieux Du Ming, beau comme une fille, et en apparence si lisse. Au fur et à mesure, l’impossible love story va tourner au cauchemar gore ou à l’insoutenable glauque, celle d’un viol. C’est de préjugés qu’il est question ici, où l’héroïne suit son chemin, comme un destin inexorable, dans sa vie comme dans sa mort. Carcan de la société chinoise qu’on sent peser sur les épaules des protagonistes, les femmes semblent conduites à des choix cruels, les hommes réduits à de bas instincts.
Servi par un dessin évoluant au long de la narration, allant d’un graphisme quasi photographique, très lisse à des chairs abîmées et horribles, grotesques même, ce thriller (car c’en est un) éprouvant, froid, limite glacé, ne laisse pas indifférent : soit on aime, soit on déteste. Pour ma part, j’ai vraiment apprécié ce jeu de contrastes, entre les personnages, les styles picturaux, et les idées mises en avant. De plus, on se fait aisément manipuler par l’auteur, on effleure la vérité, mais celle-ci n’est révélée qu’en toute fin, à la dernière page. Et puis, »philosophiquement », ici, il n’y a que deux alternatives amoureuses : intellectuelle ou sexuelle, ne se rejoignant jamais, et pourtant les héros de cet album ne rêvent que de ça !
Bref, c’est particulier, et résolument adulte, tant le discours que les dessins peuvent être dérangeants.
6/10
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