Toutes les petites filles, tous les garçons et même certains adultes savent bien que parfois un monstre habite au coin d’une armoire, derrière un rideau ou encore sous le lit de leur chambre.
Avec des poils repoussants ou des dents pointues, tout dur ou tout gluant, à chacun son monstre… Celui-là plein de ventouses a des tentacules mous qui envahissent comme autant d’idées noires la chambre d’une jolie peureuse en chaussettes. Mais souvent il suffit de donner un nom à sa peur pour l’apprivoiser. Le monstre serait donc une pieuvre géante ! Et bien pourquoi pas ? Tous ses bras peuvent au moins servir à chatouiller, à câliner, à jouer et qui sait, elle peut être aussi bien utile pour endosser quelques bêtises…
A partir de 4 ans.
Aussitôt reçu, aussitôt lu !! Il faut dire que non seulement le sujet était sympa, mais que les graphismes avaient l’air vraiment chouettes… Ni une, ni deux, le soir même où Naïve nous a envoyé cet album dans le cadre d’un partenariat avec Blog-o-Book (merci à tous les deux !), j’en faisais la lecture à Rose et Violette.
Parler de la peur du noir, ou des monstres, ou tout simplement de l’inconnu au travers d’un livre, c’est toujours sympa pour dédramatiser la situation avec des petits loulous. D’autant que depuis quelques temps, nous ne mettons plus la veilleuse dans la chambre des filles, juste en ne fermant pas totalement le volet. C’est particulièrement Violette qui se fait des frayeurs de temps en temps, avec le noir… même si la lumière des réverbères éclairent leur petit nid.
Bref, avec cet album, nous avons suivi une jeune demoiselle en chaussettes, persuadée qu’un monstre vit sous son lit, et qui l’effraie beaucoup… Et puis, au fur et à mesure, quand la narratrice (c’est la fillette qui raconte, une façon bien efficace pour que les petits lecteurs s’identifient facilement à la petite héroïne) découvrira qu’il s’agit d’une pieuvre, la peur va disparaître pour devenir une partie de découverte qui va se terminer en partie de rigolade, pour s’achever sur une note de complicité (c’est pas ma faute, maman, c’est la faute à ma pieuvre ! Trop drôle, j’ai eu l’impression d’entendre mes filoutes me dire : c’est pas moi, c’est Zelda -notre chat).
Vous l’aurez compris sans peine, Béatrice Fontanel sait parler aux enfants, s’adresser à leurs peurs, leurs angoisses et les rassurer… Quand nous avons refermé le livre, les filles étaient totalement sereines, et même amusées. Contrairement à certains autres albums sur le même thème qui m’ont amenée à rassurer moi-même les enfants une fois le livre terminé.
De plus, les dessins sont vraiment chouettes, hors normes aussi je dirais, avec ce parti pris des graphismes très « tissu » et colorés (pour le décor et les vêtements) et ce crayonné noir, énergique, pour les cheveux et la pieuvre… Petit à petit, la pieuvre se dévoile, tout comme les points de vue de la fillette varient : ses différentes positions pour dormir, son pied qui traîne hors de la couette, gros plan sur ses doudous (et il y en a une armée, comme mes poulettes ont tendance à le faire !), etc.
De plus, de façon énigmatique, trois cyclistes et une nageuse se promènent dans les pages… Avec les filles, une fois qu’on avait fini l’histoire, on est reparti du début pour voir ce qu’il en était de ces mystérieux personnages… c’est une course entre ces amateurs de la petite reine, arbitrée par une nageuse, qui se déroule ainsi, et qui se balade sur la pieuvre, sur la couette, au sol. Cela a également bien amusé les filles, et leur a apporté une grande satisfaction de résoudre l’énigme.
Bref, un bon moment de lecture à partager avec ses enfants, qui supporte de nombreuses relectures à n’en pas douter, tant l’histoire est riche et intemporelle (on parle ici de toutes les peurs), et le graphisme également.
Le petit plus : Décidément, Naïve est vraiment une chouette maison d’éditions, j’ai déjà lu de chez eux La Déclaration et La Résistance (chroniqué ici). Côté musique, ils se posent là également… pour ne parler que jeunesse, j’adore le travail fait avec Daniel Goyone (Berceuses, et Chante, Rossignol, Chante).
D’autres avis : Minifourmi
4/24
Place aux lecteurs