A travers la vie de Paul Christopher, son héros, c’est l’histoire d’un service secret, l’Outfit, que nous raconte Charles McCarry.
Le récit débute en Allemagne, lorsque les nazis prennent le pouvoir, mettant ainsi un terme à l’enfance heureuse de Paul, sur les bords de la Baltique. Un demi-siècle plus tard, après une succession de meurtres, Paul a-t-il enfin vaincu ses ennemis? Des antichambres du Troisième Reich aux recoins les plus sombres de l’Europe en ruine, en passant par les prisons chinoises, Charles McCarry multiplie les rebondissements, s’inscrivant ainsi dans la grande tradition du roman d’espionnage américain, aux côtés de John Le Carré ou de Robert Ludlum.
J’adore James Bond quand c’est Sean Connery qui l’interprète au cinéma, et j’ai une vraie prélidection pour les films et les romans d’espionnage ; pour tout vous avouer, quand j’étais ado, j’étais même fan de la série Les Deux font la Paire .
En conséquence, j’ai tilté quand j’ai lu la 4ème de couverture de ce roman de Charles McCarry, auteur que je ne connaissais pas. Pour la petite histoire, après avoir été journaliste, il a été agent de la CIA.
Servie par une écriture fluide, avec un rien de poésie (si, c’est possible dans un roman d’espionnage, vous allez voir !), ce livre fait vivre au sein de l’Outfit, service secret américain. On y apprend la vie de ses agents, en particulier Paul Christopher, héros récurrent de McCarry, et lui-même fils d’espion, l’un des plus grands tout comme lui.
Tous deux, sous couverts d’être des écrivains-journalistes (hum, un rapport avec le cursus de l’auteur ?), des poètes, nous plongent dans des histoires qui nous sembleraient décousues, si le découpage du roman en trois livres consacrés chacun à une des grandes figures de l’Outfit (les Christopher père et fils, et leur meilleur ami), ne nous permettait pas de suivre facilement ces différentes incursions dans des affaires au coeur de l’Histoire. Point de gadgets à la Ian Fleming, ici. Mais Allemagne nazie, Guerre Froide, Amérique mccarthyste ou traumatisée par le meurtre de JFK, tout comme Indochine française en déliquescence et République Populaire de Chine, sont les décors plantés pour l’histoire particulière de ces personnages.
J’avoue, j’ai failli abandonner, tout semble échouer alors même qu’on nous dit que ces hommes sont des cracks. On a l’impression de n’assister qu’à des opérations bancales, où déboires riment avec fiascos. Et puis, j’ai réalisé que l’auteur souhaitait retracer pour nous le quotidien de ces ombres humaines, bien plus faites de ténèbres que d’éclat. J’ai donc poursuivi ma lecture, appréciant de voir l’histoire d’un service secret s’inscrivant dans l’Histoire, avec un grand H j’insiste.
Enfin, est venu le moment où le jour s’est fait en moi : depuis le début, je m’étais fait rouler dans la farine, et quelques indices semés par McCarry comme autant de graines de Petit Poucet me menaient sur le chemin de la vérité. Ce roman est codé, piégé et fascinant d’habileté. Sous un masque a priori anodin, Le Convive du dernier soir a une jolie couverture, très réussie. A la limite de la fausse identité !
Je ne peux pas passer non plus à côté d’un élément du dossier, pas classé confidentiel celui-ci : ici, il est question d’amours, d’Amour et de Haine… Ce qui fait vivre les hommes ordinaires, le fait également pour ces hommes du secret.
Chapeau bas d’ailleurs à l’artiste : les personnages sont magnifiques d’intelligence, d’amour mais aussi pour certains de lâcheté ou de truculence. Portraits robots somme toute très savoureux, à déguster sans modération. Les parcours des uns et des autres sont des petits bijoux d’anecdotes insolites et qui pourtant font d’eux des êtres à part, servant adroitement l’intrigue. J’ai, vous l’avez sans peine compris, été très enthousiasmée par cet aspect du roman, qui contribue à faire tomber d’autant plus le voile sur le métier d’espion.
En bref, à lire pour les amateurs du genre.
Le petit plus : Ah, la trilogie Jason Bourne, qui se trouve dans ma PAL, me fait décidément de l’oeil, ce Convive du dernier soir m’ayant aiguisé l’appétit ! Et nul doute que je ferai l’acquisition d’autres romans de Charles McCarry, notamment Au nom du président, écrit en 1979 et prophétisant le 11 septembre 2001.
Merci qui ? Merci à Blog-o-Book et au Livre de Poche pour ce partenariat plus qu’intéressant !
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