
A l’âge de cinq ans, Matilda sait lire et a dévoré tous les classiques de la littérature. Pourtant, son existence est loin d’être facile, entre une mère indifférente, abrutie par la télévision et un père d’une franche malhonnêteté. Sans oublier Mlle Legourdin, la directrice de l’école, personnage redoutable qui voue à tous les enfants une haine implacable. Sous la plume acerbe et tendre de Roald Dahl, les événements se précipitent, étranges, terribles, hilarants. Une vision décapante du monde des adultes !
Matilda est l’objet de la lecture commune du mois de mars de Livraddict ; je l’ai lu il y a quelque temps, et j’ai donc décidé d’y participer.
Tout d’abord, et je vais me faire hurler dessus, je ne suis pas une grande fan de Roald Dahl, ben oui, c’est comme ça ! Ensuite, je n’ai pas craqué sur Matilda.
Certes, l’histoire est bien construite, peut être drôle, et on retrouve les personnages typiques des contes de fées : les méchants, l’enfant qui passe des épreuves, et la solution finale avec sa morale. Mais, moi qui ai pourtant l’habitude de me plonger dans la littérature de jeunesse, je n’ai pas eu le coup de foudre. J’ai l’impression d’un décalage, je me sens trop « vieille » pour le lire. C’est bizarre, car en général, ça ne me pose pas de problème. Mais, là, ça m’a freinée. Je reconnais sans peine la qualité du roman, surtout par rapport aux thèmes traités (l’entraide, l’amour de la lecture, la différence), mais j’ai eu un peu de mal tout de même avec les pouvoirs magiques de Matilda par exemple. J’ai trouvé ça trop facile ! (pas taper, pas taper !)
Oui, je crois que ce qui m’a bloquée, c’est vraiment ça : je trouve l’écriture très enfantine. A tel point que je me suis même forcée pour le finir ! Je pense également que Roald Dahl a forcé le trait, c’est « too much », au niveau des personnages notamment. Je m’explique, si vous le voulez bien : Matilda, surdouée, qui se débrouille toute seule, qui lit à 4 ans tous les grands classiques de la littérature anglaise, je suis désolée, ça ne passe pas. Je n’ai pu m’empêcher d’établir un parallèle avec un autre surdoué de la lecture, Marcel Pagnol, obligé de lire en cachette l’annuaire, car sa mère avait banni les livres de la maison, par peur que son cerveau « explose » lorsque le papa de Marcel avait découvert qu’il savait lire (eh oui, ça sert d’être assis au fond de la classe de son papa -in La Gloire de Mon Père). Matilda m’a laissée froide (elle s’organise si bien toute seule qu’elle a l’air de n’avoir besoin de personne, ce dont je doute !), alors que Marcel Pagnol me touchait : ma mère à moi aussi s’inquiétait de me voir toujours plongée dans les bouquins à tel point que je devais lire en cachette (même si j’ai appris à lire à l’âge de 6 ans, moi !).
Et puis, la méchante directrice, moi, ça m’allait, mais lorsqu’elle se met à balancer des gosses comme ça, par-dessus le mur de l’école, que les parents d’élèves n’y trouvent rien à redire, que le fantastique débarque à ce moment-là aussi, ça me gêne. J’ai l’impression que l’auteur a rajouté cette dimension, comme si le reste n’y suffisait pas. Mlle Legourdin est déjà si terrible, qu’en remettre une couche ne me semblait pas nécessaire. Alors, bien sûr, que Matilda ait des pouvoirs paranormaux vient rétablir l’équilibre, mais là, pareil : tout semble trop facile pour cette enfant. Vous me direz qu’elle a des parents horribles, qui ne s’occupent pas d’elle. Oui, mais ces parents sont moins intéressants que les Ténardier, trop caricaturaux. OK, Les Misérables, on ne les lit pas à partir de 9 ans ! Mais bon…
Bref, le seul personnage qui m’a semblé digne d’intérêt, c’est la jeune institutrice, Mlle Candy ; elle apporte de la tendresse, de la fraîcheur, de la naïveté (ce dont semble dépourvue Matilda) dans ce monde de brutes !
Pour conclure, je pense vraiment que les personnages manquent de nuances, l’héroïne peu attachante, que l’écriture est trop enfantine (à partir de 9 ans, je trouve ça même un peu trop simpliste peut-être, mais j’attendrai l’avis du fils de Véro. J’hésite même à le faire lire à ma fille de 12 ans !).
Le petit plus : Matilda a fait l’objet d’une adaptation ciné par Danny De Vito, que ma soeur Jellybells dit excellente. Peut-être devrais-je la regarder, et que ça me plairait plus que le livre.
Pour aller plus loin : Roald Dahl est l’auteur de livres qui ont fait l’objet d’adaptations également : les excellents Charlie et la Chocolaterie, de Tim Burton, et James et la Pêche Géante, de Henry Sellick. Fantastique Mr Fox est sorti tout récemment également en salle.
Et tout de même : Si je n’ai pas aimé Matilda, j’ai par contre énormément apprécié Un conte peut en cacher un autre du même auteur, que je ne saurai trop vous recommander : un détournement des contes traditionnels, à mourir de rire !
D’autres que moi ont aimé Matilda : ça se passe ICI !!


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