Un pédiatre et sa femme sont agressés en pleine nuit, leur bébé de dix-huit mois est enlevé sous leurs yeux… Pourquoi diable des carabiniers – les gendarmes italiens – ont-ils fait irruption chez ce couple au milieu de la nuit et se sont-ils emparés de ce petit garçon ? Pour quelle raison le médecin refuse-t-il obstinément de parler à la police ? Et enfin, qui a bien pu ordonner la mise en œuvre d’une opération aussi effroyable ? Telles sont les questions qui taraudent le commissaire Guido Brunetti et son fidèle adjoint l’inspecteur Vianello lorsqu’on leur confie cette affaire.
Première rencontre avec l’auteur de polars Donna Leon. Ce dont je dois remercier Livraddict et les éditions Calmann-Lévy, qui m’ont offert ce nouvel opus des enquêtes du commissaire Brunetti.
Ici, point de meurtre, mais une enquête sur les traces des trafiquants d’enfants, et sur une arnaque à la sécurité sociale italienne, perpétrée par des pharmaciens et des médecins. En résumé, quasiment le quotidien d’un commissariat, pardon en Italie on dit la questure, du train-train quoi ! Sauf que là, on est en Italie, et que rien n’est simple. Déjà l’organisation entre les carabiniers, qui sont plus ou moins l’équivalent de notre Gendarmerie Nationale (les gros blindés en plus ! ), et les policiers, ce n’est pas facile. En effet, comme chez nous, tout est une question de territoire et de compétences. Et dans ce roman, on sent bien qu’ils ne s’aiment pas beaucoup, et que la population n’est pas non plus une grande fan des carabiniers.
En fait, Donna Leon s’attache à nous faire vivre l’ambiance qui règle en Italie, entre son peuple et ses forces de l’ordre. Au pays de la mafia, de la corruption, des politiques extrémistes, il est apparemment difficile de trouver quelqu’un d’honnête, avocats y compris ! Ainsi, même les flics honnêtes ont recours à certains moyens détournés pour mener leurs enquêtes. Il semble que les italiens aient du mal à respecter les règles, vu que personne ne le fait !
Oui, vraiment, ce polar, dont il ne faut pas s’attendre à ce qu’il soit haletant, retrace vraiment une tranche de vie en Italie, et plus particulièrement à Venise. Alors, ne vous impatientez pas en le lisant, car Donna Leon mène très bien sa barque, et nous emmène sans qu’on s’en rende compte là où elle veut. On passe peut-être un peu trop de temps à manger en compagnie de Brunetti (et par le menu !), mais les relations de Brunetti avec chaque personnage (leurs portraits sont à croquer !) sont intéressantes, la façon dont il conduit ses enquêtes, dont il interroge les témoins sont des petits bijoux de psychologie. On suit le cours de ses pensées avec amusement, souvent.
Un peu rétrograde (ouh la la, internet, c’est trop dur !), père aimant bien que quelquefois distrait, il interroge son rapport à la parentalité, au besoin d’enfants (est-ce un besoin ? ou une envie ?), partage ses questionnements avec son épouse, à l’occasion de cette investigation. Fin observateur, il est aussi un enquêteur doué, plein de tact.
Je dirais donc que ce polar est avant tout un roman contemporain : une analyse pointue des italiens, et des vénitiens en particulier (ah Venise où il est plus facile de se déplacer à pied ou bâteau et où la voiture ne règne pas en maître !), qui foisonne de questions sur la vie même, sur la morale aussi… Le regard d’une américaine sur sa sa ville et son pays d’adoption !
Un bon moment donc avec Brunetti, et l’envie de renouveler l’expérience avec d’autres opus de la série !
Place aux lecteurs