Ere victorienne, la campagne anglaise : le mystérieux M.Socrate se rend dans une galerie de monstres. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Modo, nouveau-né difforme aux pouvoirs de transformation étonnants. Durant quatorze ans, Modo recevra les étranges enseignements de M Socrate où les cours de géographie et de latin côtoient les leçons d’arts martiaux. Elevé dans un manoir dépourvu de tout miroir à quelques kilomètres de Londres, Modo est brutalement jeté dans les rues de la capitale pour accomplir sa première mission. Aidé de la belle Miss Octavia, il devra mettre tous ses talents à l’oeuvre pour arrêter la terrible machination de la Confrérie de l’horloge.
Tout d’abord, un grand merci à Livraddict et aux Editions Le Masque pour l’envoi gracieux de cet exemplaire, qui m’a permis de découvrir cet auteur jeunesse.
Ce roman s’inscrit dans la pure ligne du steampunk. Kezako, me direz-vous ? Le steampunk est un genre littéraire. C’est à l’origine un sous-genre de la science-fiction uchronique, dont l’intitulé a été forgé par allusion au cyberpunk par l’auteur K.W. Jeter à titre de boutade. L’expression steampunk, qui signifie littéralement punk à vapeur et est souvent traduite par futur à vapeur, est un terme inventé pour qualifier un genre de la littérature de science-fiction né à la fin du XXe siècle, dont l’action se déroule dans l’atmosphère de la société industrielle du XIXe siècle. Le terme fait référence à l’utilisation massive des machines à vapeur au début de la révolution industrielle puis à l’époque victorienne.
Sous-genre de la SF, les œuvres steampunks relèvent aussi de l’aventure et du roman policier – voire du western comme Wild, Wild West. Pour les distinguer du récit où interviennent des éléments relevant du Fantastique, les critiques utilisent le terme de Gaslight Fantasy, genre dans lequel s’illustrent notamment Anne Rice et le Français Fabrice Bourland. Le steampunk recoupe fréquemment d’autres genres référentiels de la SF comme le voyage temporel, l’ uchronie (décalage temporel et histoire alternative) et les univers parallèles. Cet aspect uchronique canonique a valu aux œuvres de SF steampunks les labels de « chroniques du futur antérieur » ou de « rétrofutur » chez les fans du genre.
Le courant steampunk a donné naissance à deux catégories d’œuvres : celles qui créent leur propre univers en obéissant aux contraintes fixées par les pionniers du genre, Powers, Blaylock, Gibson & Sterling et Stableford, et celles qui se veulent systématiquement référentielles.
Ces dernières exploitent l’environnement littéraire et culturel de l’époque victorienne pour mettre en scène des personnalités réelles ou imaginaires (Sherlock Holmes, Frankenstein, Dracula et le Dr Jekyll, mais aussi Jack l’éventreur, Charles Babbage ou Ada Lovelace), ou bien s’inspirent de romans de l’époque de Wells, Verne ou Doyle. Le fameux univers généalogique Wold Newton, rassemblant tous les grands héros de la littérature populaire, inventé par Philip José Farmer, n’est pas étranger à cet engouement. Ce dernier sous-genre est illustré notamment par la BD La Ligue des gentlemen extraordinaires d’Alan Moore, traduite et portée à l’écran depuis, mais aussi par des auteurs comme Kim Newman, Stephen Baxter, René Réouven ou Johan Heliot.
La série Les agents de Mr Socrates est également de celles-ci. Nombreuses sont les références en effet : Dr Jekyll et Mr Hyde (qui deviennent ici le Dr Hyde), Notre-Dame-de-Paris, Frankenstein, et je vous laisse pister les autres… On est en pleine ère victorienne, et on croise des personnages historiques comme le Prince Albert… uchronie ! Mais aussi policier, aventure, bref, un mélange détonnant.
J’ai passé un bon moment en compagnie de Modo, personnage très attachant qu’on rencontre à l’âge d’un an et qu’on va suivre tout au long du livre. Les personnages d’ailleurs sont suffisamment mystérieux en règle générale pour qu’on ait envie de s’y intéresser, de s’interroger à leur sujet, et d’en découvrir plus au fil de ce premier opus, et tout n’étant pas résolu, on n’a qu’une hâte : que le deuxième paraisse vite !
L’intrigue est captivante, on a envie d’en savoir plus à chaque moment clé du livre… Très bien mené, le suspens nous happe, et nous balade de pages en pages, difficile de s’arrêter de lire. C’est bien simple, j’ai dévoré ce livre comme un rien !
L’écriture est fluide, l’auteur ne nous prend pas pour des imbéciles, et on se prend même à pister les indices, romanesques, historiques, ou même langagiers.
Je ne vais pas hésiter à mettre cette Confrérie de l’Horloge entre les mains de ma Coquelicot (12 ans), en attendant de lire la suite. Car même s’il lui manque certaines références, il est construit de telle manière qu’elle peut s’en passer.
Le petit plus : Je me rends compte que j’ai lu peu de steampunk, et que je vais certainement devoir allonger ma LAL ! Et j’ai fait une halte au Canada, dans mon Tour du Monde !! Youpi !
Pour aller plus loin : le site de l’auteur est ici. Egalement, la collection MSK, chez Le Masque, fourmille de romans à l’air bien sympathiques, et dans lesquels je vais certainement puiser prochainement (pour moi et mon ado de fille, dont c’est bientôt l’anniversaire !)
J’espère que tu l’apprécieras, je lirai ton billet avec intérêt, c’est sûr, vu que tu as lu un avis contraire au mien… et bravo pour le concours !
Si seulement il y avait plus de steampunk dans les romans adulte. C’est un genre qui se fait beaucoup pour les jeunes, et ça marche bien. Mais nous les adultes … rien
Je n’ai pas fait de recherches dans ce sens, mais si ce que tu dis est vrai, c’est dommage…
Merci pour les explications très claires sur le steampunk.
De rien, Pimprenelle…