« Ces quatre-là et moi, nous formons cette année la pléiade enviée, désormais au-dessus des « grandes », qui aspirons au brevet élémentaire. » Avec Claudine, quinze ans, intelligente, séduisante, très avertie, ses camarades, la flamboyante directrice de l’école et sa jolie adjointe, les deux instituteurs des garçons et quelques autres, nous allons vivre une année scolaire peu banale…
Roman semi-autobiographique, et premier de Colette, il inaugure un nouveau (on est alors en 1900) style naturel , il est écrit quasiment sur le mode d’un journal, au présent par ailleurs. On vit donc avec Claudine, on s’émeut avec elle, on s’indigne, on rit, on pleure aussi… Vraiment, on est avec elle. J’adore cette petite héroïne qui n’a pas sa langue dans sa poche, refuse le chemin tout tracé de l’école normale (peuh ! pour quoi faire ? ressembler à ces grisettes d’institutrice ? elle qui est si vive !), et nous fait vivre toute une époque et tout un pays.
Colette croque d’admirables portraits de ses personnages, ce qui fait de Claudine une fine observatrice, pas très naïve certes, mais d’une drôlerie, d’une rouerie aussi, qui a fait véritablement mes délices. L’audace de Claudine m’a ravie ! Pleine de bon sens, avec ce qu’il faut de fantaisie, c’est une jeune fille à l’affût des faux-semblants, qui ne se laisse pas abuser qui nous fait vivre une année scolaire telle que je n’en ai jamais connue, pour ma part.
En bref, un bon moment avec ce classique de la littérature française… Et une belle plume, imagée, directe aussi, qui m’a conquise.
Le petit plus : je ne sais pas si c’est trouvable en DVD, mais je me souviens d’une série adaptée des romans mettant en scène Claudine, que j’aimais beaucoup regarder quand j’étais ado.
L’héroïne ++ : Claudine, c’est l’anti-Bella ! Pas maladroite pour deux ronds, la langue bien pendue, elle n’essaie pas de passer inaperçue comme miss Twilight, mais est la chef des grandes de sa classe (Claudine, elle ne se cache pas derrière ses cheveux, au contraire elle les secoue joyeusement et en joue !). Et puis aussi, tous les gars ne lui courent pas après. Surtout, surtout, Claudine est une fille du début du 20ème siècle, et a l’air, paradoxalement, de moins subir que Bella, héroïne du 21ème.
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