C’est le jour même de l’ordonnance nazie imposant le port d’un insigne à tous les Juifs que Françoise Siefridt, une étudiante chrétienne de dix-neuf ans, décide d’arborer l’étoile jaune avec l’inscription » Papou « , pour en dénoncer le caractère barbare et humiliant. Un geste de solidarité courageux qui lui vaut d’être aussitôt arrêtée par la police française. De juin à août 1942, au cours de son internement comme » amie des Juifs » aux camps des Tourelles puis de Drancy, Françoise Siefridt a tenu un Journal dans lequel elle rapporte les scènes poignantes dont elle a été témoin.
Aux heures où Benoît XVI a béatifié le pape Pie XII, une étape de plus vers la sanctification, où il a réintégré des évêques négationnistes, ce journal fait partie des ouvrages à lire. Histoire de voir les catholiques comme des personnes tolérantes, et non pas tous comme des extrémistes, des intégristes…
Ce petit volume se découpe en quatre parties : une préface, de Jacques Duquesne, utile pour remettre les faits historiques à leur place, le journal de Françoise Siefridt, une post-face qui commente légèrement ledit journal et des annexes qui éclairent certaines notions, lieux et faits historiques, comme l’étoile jaune ou encore le camp des Tourelles… car tout cela Françoise Siefridt ne l’explique pas.
J’ai vu il y a eu peu de temps une émission présentée par Fabrice de Olmeida, sur France 5 ou Arte (aïe, je ne sais plus), Résistance, où justement il était question du traitement de la « question juive » en France pendant les années d’occupation, et où l’épisode qu’ont vécu les lycéens et étudiants français qui ont décidé de porter l’étoile jaune était relaté. Mon intérêt pour cette lecture était donc bien éveillé lorsque j’ai ouvert ce petit livre.
La préface, comme je l’ai déjà dit, éclaire les faits de l’histoire, de façon chronologique et objective… Je ne peux que vous inciter fortement à la lire !
Le journal, pudique, prudent également, car la jeune étudiante craignait de se voir lire par les allemands, relate presque jour pour jour la détention de Françoise depuis son arrestation, en passant par le Camp des Tourelles jusqu’au Camp de Drancy, d’où elle sortira libre au bout de 2 mois. Deux mois pendant lesquels elle est dans l’incertitude de son avenir, craignant à tout moment sa déportation, sa mort ! Deux mois pendant lesquels elle noue des amitiés, brèves comme l’éclair pour certaines, mais intenses et lumineuses. Deux mois pendant lesquels la vie aux camps n’est faite que de rumeurs, d’ignorance (la rafle du Val d’Hiv’ lui reste inconnue), de désespoirs, de petits bonheurs, de foi, de naïvetés (elle n’a que 19 ans et a jusqu’alors confiance en la vie, malgré tout)…
Deux mois, c’est court, mais ça peut être aussi terriblement long quand on voit des milliers de juifs, enfants et adultes, transiter par votre camp pour être déportés vers une mort terrible et quasi certaine ! Une petite bulle, ce journal… difficile de vous faire passer l’émotion toute simple qui s’en dégage ! Ne vous attendez pas à lire un nouveau Journal d’Anne Frank, mais prenez-le tel quel, authentique et témoignage particulier…
Annexes et post-face ne sont pas à négliger, même si cela ne fait pas partie de vos habitudes de lecteurs, pour les raisons que j’ai déjà citées.
Le petit plus : un grand remerciement à Livraddict et aux éditions Robert Laffont pour l’envoi gracieux de cet exemplaire qui a satisfait ma passion pour l’Histoire, et qui m’a émue…
Il me tente beaucoup celui-ci.
Si tu aimes l’Histoire, ça devrait te plaire…
Tu confirmes d’autres critiques alors, il faudra que je vois s’il est à la biblio.
Qu’est-ce que je disais : ta LAL va bientôt exploser !! mdr
Ta critique m’est passée sous le nez. Tu l’as fini avant moi et je ne voulais pas lire d’autres avis pour ne pas me « poluer » l’esprit.
J’ai trouvé ce journal très intéressant et un beau témoignage de cette période de l’histoire.
C’est vrai, c’est émouvant, tout en restant d’une sobriété et d’une pudeur magnifiques…