La commissaire Viviane Lancier n’est pas du genre poète, mais la voici condamnée à se passionner pour Baudelaire : un sonnet torride dont il serait l’auteur se transforme en serial killer, envoyant à la morgue ceux qui s’y intéressent.
Flanquée de son ingénu lieutenant, Viviane Lancier plonge dans une enquête où semblent la narguer les morts, les survivants et même les revenants.
Je tiens tout d’abord à remercier Livraddict et les éditions La Table Ronde pour l’envoi grâcieux de cet exemplaire, et qui m’ont ainsi permis de découvrir un nouvel auteur pour moi, et de passer un bon moment en compagnie de ce petit livre jaune.
J’ai suivi ici l’enquête d’unE (elle y tient) commissaire aux airs de Bridget Jones et de Commissaire Maigret (si, les deux, c’est possible ! La preuve !). Viviane Lancier enchaîne les enquêtes comme les régimes et les craquages de régime, en parallèle d’une affaire qui va passionner les médias (tous y passent et trouvent un intérêt particulier à celle-ci), et revêtir des aspects bien nébuleux. Elle va ainsi faire équipe avec le petit nouveau, Augustin Monnot, qui sort d’une fac de lettres et chante Bach dans une chorale, beau comme un angelot, et dont elle ferait bien son ordinaire, en lieu et place de son yaourt light et de sa salade au concombres…
Sur les traces d’un présumé serial killer dont les sombres mobiles auraient trait à un sonnet inédit de Baudelaire, on découvre une galerie de personnages dont l’auteur nous croque les portraits avec un talent jubilatoire : flics, témoins, victimes, gangsters, experts, dircom, mediums, bourgeois, bonnes, et autres agents du service public.
Ici, l’humour, l’ironie rejoignent le sarcasme pour le plus grand plaisir du lecteur. Avec cruauté, car il n’épargne personne, Georges Flipo fait vivre des heures sombres, loin de toute gloire, à une Viviane Lancier dépassée par ce dossier et par un Monnot coqueluche des journalistes et de la dircom du Ministère de l’Intérieur, et qui s’empiffre de barres Mars lorsque tout part en sucette et se console à coup de Fabien ! Jusqu’à la fin, la cruauté sera présente, dominant cette histoire, où l’hémoglobine ne coule pas à flots : on est loin du thriller bien gore, et bien plus proche du bon vieux polar à la française, limite franchouillard comme la commissaire… Une figure de style, en l’occurence ! Mise en abyme, vous vous souvenez, je vous en ai déjà parlé ICI.
Du côté de l’intrigue, on est bien servi, car Flipo sait bien tenir sa plume et nous bluffe… En bref, voilà une affaire rondement menée, où l’on rit, où l’on grimace, où l’on s’interroge. Un bon petit polar !
Le petit plus : L’envie de lire le précédent polar de Flipo, Le Film va faire un malheur, en attendant la suite La commissaire n’a point l’esprit club qui sortira en 2011.
Petit morceau choisi : « Ce déjeuner basses calories ne lui convenait pas, elle avait encore faim ; heureusement, il lui restait le jeune Monnot à se mettre sous la dent. »
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