« Alain Delambre est un cadre anéanti par quatre années de chômage sans espoir. Ancien DRH, il accepte, à 57 ans, des petits jobs démoralisants où il se fait botter le cul pour cinq cents euros par mois… Aussi, quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain est prêt à tout, à emprunter de l’argent pour se payer un coach, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages. Alain Delambre s’engage corps et âme mais s’il se rendait compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite. Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre. »
En préambule, et parce qu’il faudrait que je morde la langue pour ne pas le dire : j’ai été conquise par ce polar français… Je n’ai encore jamais lu de Fred Vargas, par exemple, donc n’attendez pas de moi de comparaison avec l’un de ces auteurs de polar à succès. Je ne vais vous parler ici que de Cadres Noirs de Pierre Lemaître.
Voici donc un drame qui se noue sous nos yeux, celui d’un chômeur au bout du rouleau, courageux pourtant (il se lève tout de même à 5 heures du matin pour faire le manutentionnaire après avoir été DRH), car prêt à tout pour survivre. Lorsqu’enfin, de façon inespérée, il passe différents tests pour un poste qui correspond à son profil, on est heureux pour lui? Eh oui, car Alain Delambre est un homme pour qui on éprouve de la sympathie. Il m’a rappelé mon père qui, après eu sa boîte pendant de nombreuses années, a du déposer le bilan, s’est retrouvé au chômage à 49 où on lui répondait qu’il était trop vieux pour prétendre à un l’emploi pour lequel il était qualifié voire surqualifié, et qui a accepté plein de petits boulots pour faire manger sa famille. Bref, Pierre Lemaître nous parle ici, et il le souligne lui-même au détour de plusieurs passages, de M. Toutlemonde, cadre ou non. Car, maintenant, qui n’a pas quelqu’un dans son entourage qui pointe au Pôle Emploi, le fait lui-même ou le redoute tout simplement ?
Alors, je me suis enthousiasmée, indignée, j’ai compris, j’ai soutenu, j’ai voulu aider Alain Delambre, mais l’auteur a poursuivi implacablement la machine bien huilée de son intrigue, jusqu’aux drames… Sans concession, son héros -un anti-héros ? je ne sais pas vraiment- plonge dans le mensonge, prêt à tout pour vivre, non, pour faire vivre ceux qu’il aime, au mépris de risques insensés. Quand on a plus rien à perdre…
Je n’en dis pas plus, parce que je sens que je vais dévoiler trop de ce roman assez hors normes. J’ajouterai seulement… Les rebondissements sont nombreux, les pièges tendus par Pierre Lemaître se referment sur ses personnages et sur le lecteur, la part psychologique du roman est aussi bien traitée que l’action proprement dite. Les portraits des protagonistes sont fins, vus à l’aune d’Alain Delambre, attendrissants mêmes car indulgents -car empreints de l’amour qu’il porte aux siens- ou au contraire taillés à la serpe pour les mêmes raisons.
Très bien orchestré, ce polar net, précis, m’a emmenée sur des sentiers inattendus, et jubilatoires !
Le petit plus : pour les fondus de littérature, dans ce roman, Pierre Lemaître distille des hommages à des grands noms comme Scott Fitzgerald… Pour ma part, j’ai été si emportée par la vague que je n’ai pas discerné ces références ! Un grand merci donc à Blog-O-Book et aux éditions Calmann-Lévy, qui m’ont envoyé gracieusement cet exemplaire, qui va certainement me jeter sur les autres romans de l’auteur !
Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site de Pierre Lemaître, qui en est donc ici à son troisième roman.
Alors, j’attends ton billet… En tout cas, tu as suffisamment aimé pour investir dans Robe de Mariée !!!
Très belle chronique ! rassure toi, tu n’a rien dévoilé
@ Val : Merci… et ouf ! je suis soulagée, c’est toujours difficile quand on écrit une chronique sur un livre à suspens !
Je suis contente de voir des avis aussi positifs que le mien. J’ai été conquise également. Et j’ai oublié de le préciser sur mon billet, mais je n’ai pas non plus remarqué les clins d’oeil aux différents auteurs cités en dernière page. Ce livre a vraiment rempli son rôle chez moi aussi
Je vais aller voir ton billet, bien sûr, tu t’en doutes maintenant ! Je crois que ce livre a dans l’ensemble beaucoup plu, en tout cas suffisamment pour donner envie à ses lecteurs d’aller regarder du côté de « Robe de marié » notamment !
C’est décidément une très belle surprise !
Deuxième découverte de l’auteur et deuxième très bonne surprise, autant dire que je ne compte pas m’en arrêter là
le dernier, Alex, est sorti depuis quelque temps (et m’attend dans ma PAL !), tu as de quoi continuer avec cet auteur !