«Je lui ai bien dit, à ma mère, que je ne voulais pas rester là-bas. Dès qu’elle ouvrait la bouche, je disais : « Je reste pas là-bas. Tu peux pas me forcer.»
Il va lui en faire baver, à sa mère, de l’emmener dans un trou aussi perdu. Soi-disant parce que les potes ont une mauvaise influence…
Mais pourquoi là-bas ? Pourquoi dans une maison que l’ancien locataire a désertée du jour au lendemain ? Dans une bicoque en rase campagne où une petite fille a été assassinée bien des années plus tôt ? Quant à cette consigne idiote de laisser chaque soir un bol de lait et des biscuits pour une improbable petite fée… c’est du délire.
Quoique…
J’ai l’habitude de lire des livres jeunesse, sans problème : Harry Potter, Narnia, Les Chroniques du Bout du Monde, ou encore les séries Uglies et Midnighters, pour n’en citer que quelques-uns. Et là, une vraie surprise ! Voici un héros qui n’est pas un gentil gamin bien élevé, qui ne veut pas suivre le droit chemin… A quatorze ans, Robert est déjà un dur, une vraie graine de délinquant -et encore, je suis généreuse en ne parlant que de graine !- mais il sait très bien nous parler de lui, de son histoire, qui se révèle au cours de chapitres courts et nerveux, comme lui !
Kate Thompson, que je ne connaissais pas (j’ai jeté un oeil à sa bio et à sa bibliographie, et elle n’en est pas à son coup d’essai), a su éviter l’écueil de nombreux auteurs qui ont écrit du fantastique après la grande vague des Harry Potter ou de la renaissance du Seigneur des Anneaux après la sortie des films de Jackson : elle s’appuie plutôt dessus pour nous placer dans la tête d’un ado mal dans sa famille, mal dans la vie… qui a mal tout simplement.
Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est découvrir les tours et détours de l’esprit de Robert, Bobby, Boster qui a tant de surnoms qu’il ne sait lui-même plus qui il est vraiment (c’est lui qui le dit, et je trouve ses paroles si justes !)… qui cherche juste une chose : exister. Et même si c’est un garçon pas très sympathique au premier abord, il devient finalement assez facile de s’identifier à lui, de le comprendre, de compatir… Un vrai sentiment d’empathie ! A tel point que j’ai adhéré à ses haines, puis à ses colères, à ses revirements d’opinion ou de sentiments…
Et ce que j’ai préféré, c’est avoir refermé ce roman sans avoir toutes les réponses, une fin ouverte finalement, et pouvoir continuer à me faire mon petit film à moi… et ça, c’est vraiment agréable, parce que tant d’auteurs font un sort à leurs personnages, un sort tel que le rêve se termine brutalement, quand on arrive au point final.
Quant au style d’écriture, si au départ j’ai été surprise qu’une petite « frappe » comme Robert puisse s’exprimer ainsi -d’autant que dans les dialogues, son langage est plutôt familier, voire ordurier-, j’ai vite compris que c’est un Robert plus mûr qui s’exprimait, le vocabulaire s’enrichissant aussi au fur et à mesure de la narration…
Bref, voici une belle découverte, que je vous recommande, et que je vais mettre dans les mains de ma fille, sans appréhension, au contraire. Je tiens donc à remercier Livraddict et les éditions Baam, qui m’ont offert cet exemplaire que j’ai lu dans le cadre d’un partenariat. Bravo également aux éditeurs pour la couverture que je trouve très réussie ! Je suis d’ailleurs allée visiter leur site, et j’y ai repéré une édition de L’Assassin Royal de Robbin Hobb, qui fait partie de mon Challenge Livraddict 2010. Et je vais de ce pas voir quel autre roman a écrit Kate Thompson…
En même temps, ce prétexte nous parle bien d’êtres différents… comme Robert qui n’est pas tout à fait comme tout le monde, ni son petit frère, ni sa mère d’ailleurs…