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Archives pour 9 décembre, 2009

Thérapie, de Sebastian Fitzek

 

Thérapie

 

Dans le cadre d’un partenariat Le Livre de Poche (que je remercie pour l’envoi gracieux de cet exemplaire) et Livraddict

 

« Josy, douze ans, la fille du célèbre psychiatre berlinois Viktor Larenz, est atteinte d’une maladie qu’aucun médecin ne parvient à diagnostiquer. Un jour, après que son père l’a accompagnée chez l’un de ses confrères, elle disparaît. Quatre ans ont passé. Larenz est toujours sans nouvelles de sa fille quand une inconnue frappe à sa porte. Anna Spiegel, romancière, prétend souffrir d’une forme rare de schizophrénie : les personnages de ses récits prennent vie sous ses yeux. Or, le dernier roman d’Anna a pour héroïne une fillette souffrant d’un mal étrange, qui s’évanouit sans laisser de traces… Le psychiatre n’a dès lors plus qu’un seul but, obsessionnel : connaître la suite de son histoire. »

 

Sebastian Fitzek, le nouveau prodige allemand du suspense, est né à Berlin en 1971. Après des études de droit, il travaille à la radio et à la télévision. Par la magie du bouche à oreille, Thérapie, son premier thriller, s’est retrouvé n°1 des ventes sur amazon.de. Il a été traduit dans 22 pays.

 

Quand je dis être une dévoreuse de mots, eh bien, là je ne mens pas !! En quelques trois heures, j’ai littéralement fait un vrai festin ! Voici un livre très agréable à lire, passionnant, car très surprenant à chaque détour de l’histoire… J’ai été intriguée tout le long par ce grand psychiatre Viktor Larenz, et bluffée jusqu’au bout, ou quasiment car voici un roman qui pratique la mise en abîme ! Un principe dont je suis très friande au cinéma ou en peinture…

 

Petite définition donnée par Wikipédia : la mise en abyme ou mise en abysme (on écrit aussi plus rarement : mise en abîme) est un procédé consistant à incruster une image en elle-même, ou, d’une manière générale, à représenter une œuvre dans une œuvre de même type. On y retrouve le type d’«autosimilarité» qui constitue également le principe des fractales ou de la récursivité en mathématiques.

 

En littérature, la mise en abyme est un procédé consistant à placer à l’intérieur du récit principal un récit qui reprend de façon plus ou moins fidèle des actions ou des thèmes du récit principal, comme dans la pièce Hamlet. Il ne faut pas confondre la mise en abyme avec le récit enchâssé, qui consiste à faire raconter par le personnage d’un récit un autre récit, dans lequel peut apparaître un personnage qui en racontera encore un autre, comme dans les Mille et une nuits.En arts graphiques, Les époux Arnolfini (Jan van Eyck, 1434, 82 × 60 cm, peinture sur bois, National Gallery, Londres) est un exemple fameux dans lequel un miroir convexe reflète l’ensemble de la scène (y compris le miroir lui-même, et ainsi de suite). On peut également citer l’exemple du dessin de la boîte de fromage en portions « La vache qui rit » : la vache porte des boucles d’oreilles qui elles-mêmes sont des boîtes de Vache qui rit, etc. Dans certaines œuvres de théâtre et de cinéma, un comédien joue le rôle d’un comédien qui joue un rôle… (procédé appelé communément «théâtre dans le théâtre»). La mise en abyme est un procédé artistique – ou de réflexion intellectuelle – qui entraîne souvent une sensation de vertige.Ce procédé permet de créer du trouble dans la convention narrative. Le procédé permet de donner le tournis au lecteur ou à l’auditeur qui rapidement ne sait plus qui parle : l’auteur, Shéhérazade ou un personnage ? Ici, il s’agit de redoubler le trouble du roi qui oublie de se débarrasser de Shéhérazade.

 

Dans Les Ménines de Diego Vélasquez (voir illustration) le procédé est utilisé de façon paradoxale parce qu’on ne voit pas réellement le tableau qu’il est en train de peindre, ce qui ajoute au trouble : quel est l’objet de ce tableau, le geste du peintre (qu’on ne voit pas peindre mais regarder), l’infante à ses côtés ou encore ce que regarde le peintre et qu’on aperçoit à peine dans le miroir (le roi et la reine), le tableau retourné ? La mise en abyme peut également jouer le rôle de clin d’œil inséré par l’auteur, ou lui permettre d’engager, sur le mode de l’humour (autodérision), une critique sur sa propre œuvre, voire sur le genre auquel elle appartient.

 

Maintenant que j’ai fait cette petite mise au point, je vais m’expliquer plus avant : pas de clin d’oeil ici, pas d’humour, tout est noir, sombre, oppressant, et l’on ne sait jamais où est vraiment la réalité, qui ment, qui rêve, ce qui vraiment se passe. Finalement, on en vient à être le psychiatre de ce thriller ! Thérapie porte bien son nom, puisque, en définitive, c’est nous, les lecteurs, qui sommes invités à la mener en tant que psy, tout comme le policier mène l’enquête…

 

Sebastian Fitzek, pour un premier roman, s’y entend à merveille à semer le trouble dans nos premières certitudes, dans nos premières interrogations, même… Il nous le conseille lui-même, comme le mentor de Viktor Larenz l’a fait pour celui-ci : « Ecoute le patient ». Reste à savoir qui est le patient !

 

Bref, je recommande chaudement, l’écriture est facile, débarrassée de tout un jargon spécialisé. D’ailleurs Viktor Larenz lui-même est célèbre pour cela : il sait vulgariser son langage professionnel, à l’intention du public, qui n’est autre que nous… quand je vous disais mise en abîme, je ne plaisantais pas… C’est jusqu’au bout, et on est loin ici de l’enquête policiere banale, d’ailleurs de policiers, vous n’en verrez pas. Mais le suspens, lui, est au rendez-vous !

 

Les Ménines

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